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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 13:55

Début du 20 ème siècle, domaine de Lahardane campagne irlandaise : le prochain village Kilaurens est à quelques kilomètres. Dans la propriété, vivent Le capitaine Gault sa femme, la trentaine, et leur petite fille Lucy. Des voyous ont empoisonné les chiens, puis quelques jours plus tard apporté des bidons d’essence pour incendier la propriété. Le maître de maison a tiré en l’air pour effrayer les incendiaires et les faire fuir. Il a blessé un garçon à l’épaule.

Il y a pas mal de soulèvements dans cette partie de l’Irlande. D’autres familles ont quitté la région. La femme de Gault (anglaise) prend peur et veut partir. Le capitaine s’y résout. Mais Lucy la fillette refuse de quitter les lieux. A- t’elle bien compris la situation ?? Sans doute pas. Et elle est très attachée à Lahardane, davantage qu’à ses parents, peut-être ? En tout cas, elle organise sa fugue le jour du départ, s’enfuit en forêt avec de la nourriture et l’idée de rejoindre la servante à présent congédiée en faisant du stop. Elle pense que ses parents ne partiront pas sans elle, et que, l’ayant retrouvée chez la bonne, ils renonceront au départ.

Mais rien ne va se passer comme prévu...

Ce récit traite de la solitude, de l'abandon, de la culpabilité, et aussi des étonnants pouvoirs de la terre natale ( sans idéologie ) sur certains de ceux qui y sont nés; il a pour héroïne Lucy, et le domaine de Lahardane auquel elle voue un attachement viscéral. l'action est évidemment lente comme toujours avec cet auteur, et plus encore que d'ordinaire, mais on se laisse volontiers entraîner, tant l'écriture est belle et juste.

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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 18:19

Liana Levi, 2014, 540 pages.

Dans un petit village des Alpes piémontaises, en 2012, la crise économique frappe de plein fouets des jeunes gens qui ne discernent aucun avenir digne de ce nom. Les deux héros sont pourtant décidés à se battre : Andrea fils d’un avocat, maire de la ville, a abandonné l’université. Il rêve d’élever des vaches dans la montagne à l’exemple de son grand-père ;en outre, il souffre d’être moins aimé que son frère aîné, s’est fabriqué un destin à la Caïn. Marina, fille d’un couple séparé, ayant toujours vécu dans un climat de grande, précarité sociale, et d’instabilité familiale, veut devenir chanteuse se variété.

C’est dans une fête de village, qu’ Andrea revoit Marina, avec qui il a eu autrefois une longue liaison orageuse. Ils vont renouer, mais Andrea veut une femme pour élever ses enfants, le seconder à la ferme dont il rêve, et se charger des tâches ménagères. Marina a les moyens et les capacités de faire carrière dans la chanson, et détesterait la vie de fermière. En dépit de l’attirance sexuelle et de similitudes de caractères ces deux-là ne vont pas bien ensemble. Et pourtant, ils semblent condamnés à se fuir et se retrouver, se rapprocher et se repousser, s’aimer et se haïr sans trêve !

En plus de cette histoire d’amour impossible, le récit suit pas à pas l’évolution du devenir des deux jeunes gens l’un dans l’élevage, l’autre dans la show-business, ainsi que leurs relations conflictuelles avec leurs familles et leurs amis. Conflits, antagonismes, rivalités, sont les maîtres mots de ce roman violent , écrit d’une plume énergique, vigoureuse, pleine de sève, hommage à la combativité de ces jeunes gens, et aux magnifiques et rudes paysages du pays qui vit naître cette jeune romancière de trente ans, pleine de talent.

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 12:23

(Down the River, 1998)

Un couple de fermier James et Bridget et leur fille unique Mary treize ans, dans les années 80 campagne irlandaise. James abuse de sa fille, qui, honteuse, terrorisée, menacée, n’ose se rebeller ni se confier à personne. On pense à l’héroïne d’Herbjorg Wassmo dans sa trilogie norvégienne…

Un de ses professeurs soupçonne que l’atmosphère familiale est délétère et réussit à la faire admettre dans une institution religieuse. Mary y reste peu. Elle plaît à la sœur Aquinate , de façon ambiguë, mais elle est vite renvoyée chez elle car sa mère vient de mourir. Livrée encore plus à son père, elle tombe enceinte à 14 ans. Elle fugue, se refugie à Dublin chez un sympathique jeune saltimbanque, doit encore repartir

Une voisine cinquantenaire Betty prend sur elle de l’emmener en Angleterre la faire avorter : Hélas les bigotes du coin, en tête la terrible Roisin, mais aussi Nonni, Veronica… s'en mêlent Betty a des ennuis avec la justice.

Finalement Mary fait l’objet d’un procès au retentissement national.

Le roman est intéressant en partie seulement car les personnages qui se mêlent de l’affaire sont très nombreux et certain d'entre eux paraissent puis disparaissent au bout de deux ou trois pages. Les bigotes, véritables furies pro-life, occupent un très grand nombre de pages décrivant leurs prêchi-prêcha, menaces et agissements. A la longue cela irrite, le lecteur connaît déjà bien leurs arguments qui ne varient point.

Très douée, la romancière, ici, se montre trop prolixe…mais les personnages de Mary, ses deux parents, la voisine Betty, le copain du sinistre père incestueux, le jeune homme qui l’héberge, sont très réussis.

Les haltes près de la rivière (titre original : Down the River) reviennent de façon récurrentes pour Mary et pour sa mère, c’est poétique et très triste.

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22 octobre 2013 2 22 /10 /octobre /2013 16:56

Christian Bourgois, 2013, 276 pages.

Chaque fois que Holly a les idées noires, elle fait claquer dans sa tête un élastique imaginaire et pense à autre chose. Ce truc lui a été suggéré par un psychothérapeute et elle s’y est tenue. Sauf que ce matin de Noël, le procédé ne fonctionne plus si bien.

Holly s’est réveillée très tard, après un cauchemar d’où subsiste un leitmotiv « c’est comme si quelque chose les avait suivis depuis la Russie »

Ce voyage en Russie, en Sibérie plus exactement, elle et son mari Eric l’ont effectué 13 ans plus tôt, pour adopter un enfant dans un orphelinat. L’enfant, ce fut Tatiana, « Bébé Tatty », âgée de quinze ans aujourd’hui.

Noël devrait être un jour heureux, un jour anniversaire, mais Holly est poursuivie par la pensée qu’une malédiction s’est abattue sur la famille. En même temps, elle doit s’occuper de tâches ménagères urgentes ; préparer un repas de fête pour une dizaine d’invités. toute envahie qu'elle est, par de sombres évocations : cette bosse qui pousse sur la main d’Eric, les nombreux deuils qu’elle a enduré dans sa famille ( A 50 ans à peine, elle est la seule survivante), son corps mutilé qu’elle n’a jamais accepté. Holly, victime ainsi que les femmes de sa famille d’un gène défectueux, avait dû, encore jeune, se faire amputer des organes génitaux. Tatiana, l'enfant parfaite, n'a jamais vu un médecin.

Tatiana est l’enfant rêvée de Holly ; c’est un poème de Wallace Stegner « Esprit d’hiver » qui a présidé à cette rêverie exotique d’une Russie légendaire, et amené Holly à adopter un bébé, forcément magnifique, arraché au sordide d’un orphelinat sibérien.

Il est maintenant onze heures et Tatiana ne se lève pas. Lorsque elle fait son apparition, elle est bizarre, absente, pensive, ou encolérée, inatteignable, changeant tout le temps de vêtements, se réfugiant souvent dans sa chambre.

La famille et les amis auraient dû arriver, mais une soudaine tempête de neige retient tout le monde sur la route, ou à la maison. L’i-phone de Holly sonne fréquemment avec pour entrée en matière Hard-Rain-s-gonna-Fall, tragique sonnerie de téléphone. Un climat de frayeur s’installe et va crescendo envahissant toute la maison les actions et objets les plus communs.La détresse de Holly s’ exprime à travers les actions et les souvenirs les plus ordinaires aussi bien que dans ses réflexions : de la vaisselle brisée accidentellement, des odeurs bizarres pas vraiment identifiables, l’évocation de poules qui s’étripent, l’accoutrement de Tatiana (cette robe noire et ces chaussures hideuses d’où viennent-t-elle ?), ces reflets bleutés qui effraient et fascinent sur le visage de sa fille, le téléphone qui renvoie un rire enregistré, et toutes les pauvres ruses de Holly pour s’écarter d’une vérité qui pourtant la serre de plus en plus près. A travers Holly et ses divagations se fait aussi entendre la voix de Tatiana, accusant sa mère de n'avoir pas pris ses responsabilités.

Holly a écrit des poèmes autrefois, mais ne parvient plus à écrire depuis longtemps. Tatiana devait en quelque sorte remplacer cette œuvre absente; mais l'adolescente en chair et en os, pose d'autres problèmes...

C’est là un monologue, nous sommes enfermés dans la conscience de Holly. Il est judicieux que ce soit écrit à la troisième personne, pour donner un peu de hauteur.

On retrouve les métaphores préférées de Kasischke sur la neige ( Les mêmes ont pu séduire dans "Un oiseau blanc dans le blizzard"), sur la fascination opérée par le sang et la viande ( on se souvient là de " La vie devant ses yeux") et il s'agit aussi de la confrontation d'une femme avec ce qu'elle savait mais voulait ignorer. On peut y voir aussi une réflexion sur les fantasmes liés au désir d'être mère, des variations réussies sur l'angoisse de mort. un récit riche et dense avec une certaine économie de moyens.

La fin nous permet de revisualiser les diverses scènes avec un supplément de beauté tragique.

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