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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 09:07
Jean-Paul Sartre La Mort dans l’âme ***

Folio 378 pages

3 eme tome des Chemins de la liberté, ce dernier roman me semble inachevé ; il est en tout cas beaucoup moins bon que les précédents.

Cette fois nous sommes en juin 1940 ; la guerre a été déclarée neuf mois auparavant ; nous retrouvons les personnages de l’âge de raison confrontés à ce nouvel état de choses

Gomez est à NY où il cherche du travail comme critique de peintre pour gagner sa vie. Il ne pense guère à Sarah et au petit Pablo, restés en France, et lancés sur les routes de l’exode avec peu de chances de parvenir à le rejoindre. Boris suite à une blessure sans gravité est démobilisé. Il a entendu parler par des amis du groupe de futurs résistants qui s’organise à Londres autour de De Gaulle et a une opportunité de les rejoindre. Ivich est à présent mariée, son mari ( Georges un personnage mineur du Sursis) est au front ; elle ne peut supporter sa belle-famille et s’est enfuie à Marseille où Boris veut la confier à Lola. Ivich déjà enfuie de chez ses parents dans le Sursis, avait trouvé refuge chez Mathieu, dans son appartement… mais on la quittait dans le roman précédent, déchirant le billet donné par Mathieu, puis couchant avec on ne savait quel type ( à présent on le sait). Elle ne voulait sans doute pas se faire entretenir par Mathieu mais cela aurait mieux valu que de tomber dans les premiers bras venus …

Daniel resté dans Paris occupé y rencontre le jeune Philippe cette fois réellement déserteur, l’héberge et cherche à le sonder se laisserait-il séduire ? On dirait que non…

Nous ne sauront pas ce que deviennent ces personnages abandonnés au milieu d’un tournant de leur vie… Sartre se focalise sur Mathieu : depuis neuf mois qu’il est soldat, il a de plus en plus l’impression de perdre son temps, s’ennuie à mourir, subit une sorte de déréalisation. Comme ses camarades, d’ailleurs… Il n’est pas en première ligne, mais décide de combattre à la première occasion. Et le voilà enfin agissant pendant quinze minutes avant de tomber (on le suppose) sous les coups de l’ennemi. Cette page est restée célèbre, elle n’est pas mal en effet.

La seconde partie très longue et passablement ennuyeuse nous fait suivre Brunet, également mobilisé, qui sera fait prisonnier par les allemands et se fera un ami qu’il gagne à ses convictions ( je n’ai pas compris ce qu’il avait pensé du pacte germano-soviétique, mais j’ai passé bien des pages…)

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4 août 2015 2 04 /08 /août /2015 21:20
 Jean-Paul Sartre Le Sursis ****+

Folio, 1972 ( 1ere publication 1945)

435 pages.

Nous sommes en septembre 1938 pendant cette semaine critique où plusieurs chefs d’état européens dont le sinistre chancelier Hitler sont réunis parce que le führer prétend chasser des territoires tchèques les ressortissants non-allemands, autrement dit démanteler la Tchécoslovaquie. Si les Français et les Anglais s’y opposent, la guerre sera inévitable.

Et de fait, tous les personnages de ce second opus qui suivent l’actualité ou sont informés par ouï-dire, s’attendent à la guerre.

L’auteur fait vivre une cinquantaine de personnages très variés dans leur quotidien pendant ces quelques jours ; l’attente de la guerre sera leur dénominateur commun.

Nous avons des gens directement concernés : à Prague, un couple tchèque déjà maltraité par ses voisins nazis et qui ne savent comment échapper à leur destin ; deux familles de juifs parisiens qui se déchirent ; certains se veulent français, prétendent oublier leurs origines croyant que cela les sauvera ; d’autres sont à juste titre effrayés, sachant l’existence de camps de déportations de juifs. Les chefs d’état réunis pour une soi-disant négociation qui se soldera par le recul face à l’agression hitlérienne ( la seconde après l’Anschluss) ; l’auteur montre bien la honte ressentie par Chamberlain et Daladier qui vont céder ; il s’introduit dans leur conscience…

Et dans celles des autres, les personnages de l’Age de raison, que l’on connaît déjà et quelques autres.

Beaucoup d’hommes sont invités à rejoindre leur caserne de rattachement, dont Mathieu le personnage principal de l’Age de raison toujours convaincu de la superfluité de son existence qui attend la guerre avec fatalisme et ennui ; mais aussi Boris le jeune amant de Lola, qui balance entre pacifisme et engagement, le cadre du Parti communiste Brunet et le simple militant mécano Maurice dont la rencontre inopinée montre les divergences ; le Général Gomez occupé à lutter contre la dictature d’Espagne délaissant sa femme et son fils, le jeune Philippe enfui de chez lui, qui veut militer pour la paix et se prend pour un déserteur, Gros Louis un brave berger venu des Pyrénées trouver du travail à Marseille ne sachant rien de la situation politique, une jeune violoniste et son ami de retour du Maroc connaissant des moments difficiles indirectement liés à la situation, des handicapés grabataires de tous âges sont déplacés de leur hôpital, l’un d’eux se révolte contre les agissements des « debout » … Dans ce roman « choral » s’entrelacent toutes sortes de vies humaines que l’on regarde exister pendant cette semaine où la guerre « en sursis » est repoussée une dernière fois.

L’auteur réussit à effacer la présence du narrateur omniscient pour rendre les aventures de ses personnages de façon très vivante. Tout cela me paraît très juste et bien vu, souvent pathétique, excepté les pénibles monologues du personnage de Daniel…

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25 juillet 2015 6 25 /07 /juillet /2015 16:45
Elena Ferrante l’Amie prodigieuse *****

Gallimard, 2014, 489 pages

Naples années 50 ; dans un quartier défavorisé vivent Elena et Lila, qui sont devenues amies à l’école. Elles y sont les meilleures élèves de Mme Olivieri l’institutrice. Mais Lila la fille du cordonnier n’aura pas le droit de faire des études ; Elena obtient cet avantage....

Enfants, elles sont toutes deux terrorisées par Achille Caracci l’épicier, un "ogre" dont elles supposent qu’il leur a volé leurs poupées. Leur acte de courage, aller chez Achille réclamer les poupées, scellera leur amitié ; cette relation est faite d’amour et de haine .Chaque fois que l’une réussit quelque chose, l’autre se sent diminuée et œuvre pour l’égaler ou la dépasser. Ainsi en est-il des études : Lila étudie seule, lit des tonnes de livres, apprend des dictionnaires et grammaires latines pour égaler son amie et néanmoins rivale. Lorsqu’elles atteignent l’adolescence, elles rivalisent pour séduire les garçons et se plaire à elles-mêmes. Elles se querellent et se réconcilient toujours.

Autour des deux filles gravitent les habitants du quartier : les Caracci dont le père Achille leur faisait si peur ; dans la réalité il a bien un différent grave avec la famille du menuisier Peluso et un drame s’ensuit…

Une autre protagoniste la pauvre Melina, une jeune veuve, saisie tantôt d’exaltation tantôt de dépression n’a pas de travail ,et ses enfants ont bien du mal à s’en sortir. La famille Sarratore dont le père cheminot écrit des poèmes et abuse la gent féminine de tout âge ; Enzo le fils courageux du marchand de primeurs ; les Solara dont on soupçonne qu’ils entretiennent des liens avec la mafia en grandissant.

le temps passe, et les fils d’Achille profitent de l’argent gagné illégalement par leur père (mais ils semblent en faire bon usage…) tandis que le fils des Peluso ( victime ) devient communiste et maçon ; les jeunes du quartier qui font des études ne s’entendent plus avec ceux qui sont devenus ouvriers artisans ou petits commerçants. Lila, l’amie d’Elena est une originale : autodidacte, ouvrière, instruite et ambitieuse, attirée par l'argent, elle n’appartient à aucun groupe et semble vouloir dévorer la vie…

L'argent joue évidemment un grand rôle dans ce roman, qui explore le devenir social aussi bien que psychologique des différents familles du quartier.

Un roman d’apprentissage passionnant dont on regrette de devoir attendre la traduction des tomes suivants pour pouvoir continuer

On ne sait rien de l'auteur, Elena Ferrante, dont j'ai lu tous les romans traduits en français.

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 11:28
Patrick Modiano Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier ****

Un titre qui interpelle surtout si on n'a pas du tout le sens de l'orientation...

Jean Daragane romancier solitaire reçoit un coup de téléphone : à la gare de Lyon on a retrouvé son carnet d’adresses ; un carnet périmé mais le nom de Guy Torstel y figure, avec un vieux numéro de téléphone qui n’est plus attribué ; ce nom intéresse Gilles Ottolini l’homme qui a retrouvé le carnet.

Il donne RDV à Daragane rue de l’Arcade (près du boulevard Haussmann) Daragane répugne à ce rendez vous il a l’impression que cet Ottolini veut le faire chanter ( mais à propos de quoi ?)

Avec Ottolini se trouve une certaine Chantal sa compagne. Daragane la rencontre seule : ils vont discuter à partir d’une robe assez curieuse avec un dessin d’hirondelles que Chantal doit parfois porter dans de pénibles circonstances. Jean perçoit bientôt qu’Ottolini est une sorte de voyou proxénète et joueur de casino. Chantal et Ottolino semblent parents d’individus auxquels Daragane eut affaire lorsqu’il était petit. Ils craignent que l’on enquête sur un meurtre déjà ancien.

Le récit se focalise sur plusieurs époques : l’époque actuelle où Daragane est tiré de sa tranquillité par les deux individus qui lui rappellent un passé pénible. Il tient bon grâce à un arbre qu’il contemple par la fenêtre de son studio : un tremble ou un charme. Ces deux mots « tremble ou charme » résument le ressenti de l’écrivain par rapport à ce passé fait de crainte et d’un certain enchantement… et son enracinement à ce passé.

Sa mère (dont il ne sait plus rien) l’avait confié à une certaine Annie Astrand à à St Leu la forêt … Daragane préfèrerait ne pas se souvenir, mais il est entraîné malgré lui à faire son enquête. Le second niveau de récit c’est le moment, où, déjà écrivain il revit cette femme … un court moment, cette femme pour qui il avait écrit un premier roman.

Un troisième niveau de narration le ramène petit garçon, à son vécu avec elle ; le passé sort de l’ombre, du moins un épisode douloureux une séparation d’avec cette maman de substitution qu’il avait bien aimée. Ne te perd pas dans le quartier était une phrase qu’elle avait écrite pour lui, lorsqu’il sortait seul ou rentrait seul de l’école.

On se passionne vraiment pour cette histoire, bien que Modiano l’ait déjà racontée de diverses façons sous d’autres angles. Sa façon de nous introduire pas à pas , à l’aide de divers indices ( des noms de personne, de lieu, des éléments clé comme un arbre, des rencontres fugaces avec des gens plus ou moins identifiés) sa manière d’opacifier les éléments pour en laisser apparaître un petit coin lumineux qui semble éclairer quelque chose de précis qu’on élucidera pas pour autant… tout cela continue à charmer et à faire trembler.

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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 12:19

1ere publication en 1964.

Stock Cosmopolite, 1989.229 pages.

« Le temps viendrait-il jamais de réaliser ce rêve de renaître sous le visage d’un autre ? »

Le récit consiste en un long monologue en plusieurs cahiers que le narrateur adresse à sa femme. Chimiste dans un laboratoire, il a été brûlé par de l’azote liquide lui sautant au visage. Cet accident l’a laissé défiguré ; il se cache sous des pansements épais. Depuis cette mésaventure sa femme se refuse à lui.

Il est parti s’installer à l’hôtel, prétextant un congrès de chimistes. En fait, il réfléchit à l’élaboration d’un masque épousant parfaitement la peau de son visage, permettant la respiration de l’épiderme, un masque pouvant passer pour son vrai visage. Après réalisation de l’objet, il le porte, note l’effet produit sur les autres, et décide qu’il peut chercher à séduire sa femme de nouveau, mais en feignant d’être un autre homme…

L’histoire de cette tentative (désespérée ?) est contée par le menu, émaillée de réflexions diverses sur l’être et l’apparence ; on n’échappe pas aux considérations selon lesquelles l’être humain est toujours masqué, y compris à visage nu. Le problème du narrateur, c’est qu’il n’a « plus de visage », c'est-à-dire plus rien de socialement présentable, ce qui le contraint à une solitude irrémédiable. D’où l’idée de devoir se refaire un visage. Il passe par toute sorte de sentiments colère, haine, désespoir, désir de devenir un criminel véritable puisque le voilà en dehors de la société. Toutefois, il continue à se rendre à son laboratoire, et à y travailler. Notamment à la fabrication du masque, un travail complexe et méticuleux relaté dans ses moindres détails.

Le port d'un masque obéit souvent à des préoccupations esthétiques ( les masques Nô, le maquillage des femmes) ou au désir de faire revivre un ancêtre ( les masques des primitifs) , voire tout simplement au désir de se dissimuler pour jouer ( la fillette que le narrateur rencontre lui dit qu'il joue à cache-cache) mais se faire réellement passer pour un autre à l'aide d'un masque est une tout autre entreprise. Si notre narrateur devenu sans-visage avait pu connaître la secte du dieu Mutiface, peut-être aurait-il pris un nouveau départ, oublié son épouse , mis la chimie au service de tout autre chose! Voilà une vocation ratée...

Ce récit est long, bavard, introspectif. Même s’il s’adresse à son épouse, ( et propose une courte réponse de la part de cette femme ) le narrateur discours interminablement sur lui , ses relations avec cette épouse (on devine qu’elles n’étaient pas trop fameuses avant l’accident),sa liaison avec elle, masqué, la nouvelle identité qu'il se cherche depuis l'accident, et ne trouve pas.

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 21:13
Gail Godwin Flora ***+

Joëlle Losfeld 2014, 275 pages.

Cette auteure a écrit de nombreux romans, celui-ci est le premier traduit en français. Peut-être n’y en aura-t-il pas d’autres ; car je ne crois pas qu’il a ait été très lu ou très apprécié.

Il s’agit des relations entre Helen, petite fille de bientôt onze ans, et de sa tante Flora, 22 ans, chargée de la garder pendant trois semaines en juin , tout juillet et deux semaines en août 1945 ; Le père d’Helen, directeur de lycée, a accepté une mission particulière, en rapport avec la guerre contre les Japonais. On devine de quoi il s’agit, même si on ne sait pas quel est le le rôle joué par ce monsieur.

Helen a perdu sa mère ( la cousine de Flora) très jeune, et vient de perdre sa grand-mère, sa chère Nonnie, qui l’avait élevée.

Les deux protagonistes vivent dans la maison qu’occupait la grand-mère et qui servait de maison de repos à des convalescents autrefois. Helen n’a pas connu cette période mais elle la met en scène inlassablement.

Nous sommes en Caroline du nord. Helen est une fillette rêveuse, pleine d’imagination, mais aussi sarcastique, et orgueilleuse ; elle se juge supérieure à Flora : Flora vient d’Alabama, vivait dans une famille de fermiers, n’a pas appris les bonnes manières, vit et pense d’une façon simple. Elle espère pourtant devenir institutrice. Ce qui complique l’affaire c’est que Flora n’a pas confiance en elle, et se conduit comme si la fillette qu’elle garde avait des choses à lui apprendre…

Helen est cependant jalouse de Flora, car sa chère grand-mère a longtemps correspondu avec elle, et garde les lettres comme un trésor plein de sagesse de conseils et d’affection. Qu’est-ce donc que Nonnie pouvait bien trouver à Flora ? Helen subtilise une lettre puis une autre pour tenter de savoir.

Le conflit entre les deux filles la jeune femme et la préado, s’intensifie lorsque le garçon qui vient leur livrer les courses, un soldat démobilisé, commence à plaire aux deux (pas de la même façon bien sûr ! toutefois la gamine est amoureuse elle aussi…).

Cette histoire se lit bien, est astucieusement agencée, les petits rôles sont finement distribués. Pour autant nous n’avons pas un chef d’œuvre, certaines parties sont un peu longuettes. Le caractère un peu trop lisse de Flora ne rend pas le conflit aussi intéressant qu’on voudrait…

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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 15:56
Silvia Avallone d’Acier  ***

Liana Lévi, 2006

La vie dans une cité ouvrière de la ville de Piombino ( Toscane) au début du 21 eme siècle. Les hommes qui vivent dans le HLM sont tous employés à la Lucchini, usine de Hauts fourneaux où l’on est toute la journée à travailler le métal en fusion. Des emplois durs épuisants qui vieillissent le corps avant l’âge. Les jeunes gens qui travaillent à l’usine sont accrocs à la cocaïne, et aux filles qu’ils traitent comme du bétail ; sauf lorsqu’ils tombent amoureux…

Les femmes restent à la maison, où tiennent des emplois en vielle dans les petits commerces, les magasins d’alimentation, les bars…

Deux fillettes de 13 ans et demi Anna et Francesca sont amies intimes. Elle bien besoin de s’aider. Le père de Francesca est une brute qui bat femme et fille jusqu’à leur casser des membres et enferme la fillette autant que possible. Bien sûr les services sociaux sont incapables de faire quelque chose. Enrico est en fait très jaloux de sa fille, qu’il observe, à la jumelle, évoluer sur la plage en bikini. Les garçons la regardent ; quant à Anna, son père a quitté l’usine et vit de diverses combines illégales, toujours à deux doigts de se faire prendre par les flics…

Les fillettes sont déjà plutôt mûres : elles se font courtiser plus qu’un peu. Anna rêve de quitter la cité, de faire de bonnes études et d’avoir un emploi bien payé et très en vue. Francesca voudrait devenir miss Quelque chose et passer à la TV. L’une aime les garçons, l’autre, battue par le père, ne subit la gent masculine si elle pense que c’est son intérêt. Ces différences vont les séparer…

Ce roman le premier de Silvia Avallone, est écrit par une femme de 25 ans ; cela explique les nombreux stéréotypes dont souffre un récit qui a pourtant déjà des qualités ( dynamisme, justesse des dialogues, bonnes descriptions de cette société de prolétaires à l’existence difficile), des qualité qu’on retrouve dans le second livre de l’auteur, bien meilleur que celui-là.

En effet les clichés peuvent lasser : en particulier les différences trop tranchées entre les filles « vraiment très belles » et « les boudins » que nul ne regarde. Les filles courtisées qui attirent le regard (aussi bien des autres filles) sont celles qui savent se mettre en valeur ; elles ne sont pas forcément exemptes de défauts physiques, mais elles tirent parti de ce qu’elles ont ! L’auteur devrait le savoir même à 25 ans… il y a aussi des filles jolies que l’on ne regarde pas particulièrement…

D’autres clichés font sourire : tout le monde mange des pâtes tous les jours à tous les repas ; même en Italie, même dans une cité ouvrière, je n’y crois pas !

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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 17:06
Les Enfants de Dynmouth William Trevor ****

Phébus (littérature étrangère) 2014, 237 pages

Edition originale même titre 1976

Petit village dans le Dorset : 4000 âmes dont la moitié d’enfants. L’un d’entre eux, déjà adolescent de 15 ans, déscolarisé, passe le temps à errer dans les rues du village et alentour en espionnant ce qu’il peut d’une population, qui, visiblement, ne ferme pas ses fenêtres et se querelle au grand jour.

Timothy Gedge est livré à lui-même depuis longtemps. Il n’a pas de père. Sa mère et sa sœur aînée travaillent toute la journée et forment couple, n’ont jamais rien à lui dire lorsqu’elles rentrent le soir, ne lui achètent même pas suffisamment à manger. Il n’a que la télé pour compagne.

Bientôt c’est la kermesse de Pâques : les forains de la compagnie Ring’s Amusement vont s’installer sur la grand place. Il y aura entre autre un concours « les Talents de demain » ; chaque concurrent y présente un court spectacle : saynète, interprétation de chant ou chanson, prestidigitation…

Timothy a l’intention de présenter un sketch macabre dont l’humour noir n’apparaît qu’à lui ; assassin de trois femmes, il jaillira trois fois d’une baignoire en robe de mariée, puis procédera à un assassinat simulé des victimes en costume d’homme. L’argument lui est inspiré par un groupe de cire du musée Mme Tussaud’s .

Pour se procurer la baignoire, il va tenter de faire chanter Mr Plant le cabaretier, qui en possède une vieille dans sa cour : Plant sort avec sa mère, il les a surpris tous les deux… pour le costume, le rideau de scène, et la robe de mariée,il va aussi faire chanter diverses personnes, dont deux enfants de douze ans encore perturbés par un deuil récent... tout en exerçant son penchant pour la mythomanie,

D’emblée, nul ne rejette Timothy, qu’on sait être un pauvre garçon dont sa famille ne s’occupe pas.

Pourtant il se fait d’abord fraîchement éconduire par ses victimes ! Mais ce blond à l’air avenant, éternel sourire aux lèvres revient à l’attaque aussi longtemps qu’il le faut !

Il va même tenter se soutirer des confidences au pasteur, homme déçu par son métier, le peu d’enthousiasme qu’il suscite dans la paroisse et l’ennui des fêtes de charité.

D’’autres personnages gravitent autour, dont la femme du pasteur déprimée par une fausse couche, miss Lavant, une dame qui ne s’est pas mariée, le Dr Greenblade qu’elle couve des yeux… nous sommes dans une petite ville, les gens vivent un peu comme au 19 eme siècle, et certains d’entre eux sont naïfs.

De plus, Timothy n’invente pas totalement ce qu’il dit : il exagère des situations embarrassantes, y rajoutant des détails vraiment moches…

Roman à l’action très lente comme d’habitude, étude de mœurs bien amenée, personnages crédibles, ce n'est pas son meilleur livre, mais on retrouve les qualités de Trevor.

d'autres romans de Trevor :

En lisant Tourgueniev ( celui qui j'ai préféré)

Ma maison en Ombrie plutôt bien, à lire après le précédent .

Mourir l'été

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21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 10:04
1 L’Age de raison JP Sartre ( les Chemins de la liberté 1) ****+

1945, 370 pages ; Livre de poche

Voilà un roman qui traîne sur une étagère depuis je ne sais combien de décennies ! Adolescente, je me suis persuadée que je devais lire Sartre, pour mon éducation intellectuelle. Je me suis donc procurée plusieurs de ses romans : à l’époque, je suis venue à bout du Mur, et j’ai lu aussi la Nausée, avec beaucoup de perplexité. Celui-là était le troisième et je l’ai lâché très vite. J’avais l’impression de pénétrer dans un monde très éloigné de celui que je connaissais. Un monde où l’on vivait d’une façon que mon entourage aurait condamnée. Pourquoi donc me le laissait-t-on lire ?

Mais il m’a suivie, obstinément…

Paris, juin 1938, une époque extrêmement problématique. L' Anschluss a déjà eu lieu. On craint la guerre, et on en parle.

Mathieu Delarue professeur de philosophie cherche de l’argent pour faire avorter sans trop de risques sa maîtresse ; il va passer ces quelques journées à mendier piteusement une somme que lui refusent son frère et son ami / ennemi Daniel ( tu n’as qu’à épouser Marcelle… disent-ils narquoisement), puis à se procurer l’argent de façon frauduleuse . la pauvre Marcelle ne sait pas ce qu’elle veut : tantôt elle se laisse convaincre de se faire avorter, tantôt on la persuade de garder l’enfant… aucun de ces personnages ne sait bien ce qu’il veut. Ils sont tous déchirés de mouvements et de désirs contradictoires.

Mathieu est amoureux d’une petite jeune fille fantasque, plutôt hystérique, une jeune russe issue de la noblesse, née avec la révolution bolchévique, et émigrée : Ivich. Elle se sent déclassée, perdue, il s’humilie se rend ridicule pour elle. En même temps, il tente de retrouver de l'estime pour soi : se voudrait communiste, aimerait aller combattre la dictature en Espagne... n'est pas convaincu.

Les femmes sont décrites comme des poids de chair, Mathieu est attiré par elles, voire fasciné, en même temps qu’elles le dégoûtent plus ou moins. Même Ivich , dont il ne semble pas pouvoir se passer, apparaît laide la plupart du temps.

On dit qu'Ivich est la version sartrienne de Xavière ( l'Invitée) ; ce serait intéressant de comparer ces deux personnages, et les deux récits : Sartre et Beauvoir les ont écrit en même temps s'inspirant d'un même vécu, qu'ils ont ressenti de façon différente.

Ensemble intéressant, personnages bien dessinés, pas du tout enjolivés, on aime cette lucidité. Ce récit est mené de façon classique et à mes yeux (c’est une bonne surprise !) n’est pas daté. Je vais essayer de me procurer les deux tomes qui suivent.

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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 12:48

Picquier, Poche, 253 pages.édition de 1994.

Le recueil contient six récits publiés en 1951. Le premier « le Crime de monsieur S. Karma » avec ses 142 pages est une longue nouvelle ou un petit roman avec un grand nombre de personnages.

L’homme en question se réveille ayant oublié son nom. Physiquement, il ressent au-dedans de lui un creux se frappe la poitrine: il sonne creux à l’intérieur. C’est en arrivant à son bureau qu’il repère la plaque de bois pour son nom « S. Karma » (l’initiale n’est pas exactement « S » mais la lettre grecque sigma que mon clavier ne peut pas reproduire).

Il voit également à sa place au bureau un sosie de lui , ou un double, qui dicte tranquillement un texte à la secrétaire Mlle Y …et son arrivée ne cause aucun trouble particulier aux employés : cette entrée en matière nous rappelle le Double de Dostoïevski ; sauf que M. Karma va tout de suite entrer en conflit avec son double, qu’il appelle « Carte-de-visite » car il ne reconnaît pas tout à fait en lui un être en chair et en os. Notre héros va ensuite consulter un médecin, pour tirer au clair son problème physiologique ( se sentir vide) ; il apparaît que non seulement il est vide à l’intérieur, mais qu’il aspire tout ce qui passe à sa portée pour se remplir !

Si le début semble s’inspirer quelque peu du Double, la suite va tourner au Procès de Kafka, car M. Karma est accusé de quelque chose, on ne saura pas très bien quoi, et un tribunal farfelu mais féroce et déterminé va se mettre en place pour juger son cas. Karma signifie « péché « en sanskrit lui reproche-t-on. Il me semble que ce mot renvoie plutôt au destin que chaque être doit endurer, rapport à ses actes dans une vie antérieure. Vouloir y échapper est une faute dans la logique des religions bouddhistes.

Ajoutez à cela que Le pauvre M. Karma doit aussi affronter son père, ses vêtements, ses souliers, tous remontés contre lui et réclamant leur droit à une existence propre… plus on avance dans le récit plus le délire s’intensifie. La crise identitaire vécue par le héros est difficilement interprétable ; l’auteur s’est abreuvé à diverses sources littéraires et philosophiques et l’on s’y perd un peu. Les références au surréalisme notamment Dali, sont nombreuses, et la fantaisie débridée de ce mouvement littéraire se retrouve dans le texte. L’ambiance est aussi à l’humour noir, mais je n’ai pas eu envie de rire….

Les autres récits, beaucoup plus courts sont du même genre. Dans le Cocon rouge, le personnage perd non seulement son nom mais sa forme et recherche sa maison : on suppose qu’il veut retourner à un état fœtal. l’Inondation met en scène une liquéfaction générale des êtres humains provoquant un déluge que même Noé ne peut gérer… La Craie magique montre un homme qui réussit à transformer ses dessins en objets réels mais vous vous en doutez cela finit mal… Le Tanuki de la tour de Babel, est une fiction et une réflexion sur le concept de métamorphose. Des digressions philosophiques, des jeux de mots ( parfois intraduisibles), des rencontres bizarres et une folle échappée voilà ce qui nous attend.

Voilà donc des récit très originaux, surréalistes, déconcertants aussi : vous n’y trouverez pas de construction ni de cohérence et de sobriété comme dans la Femme des sables par exemple, bien que les thèmes soient semblables; C’est l'occasion de découvrir une autre facette de l’écriture de l’auteur, et des sources d'influence diversifiées.

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