Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 juin 2015 3 10 /06 /juin /2015 18:52
Ron Rash Une terre d’ombre ****+

Seuil, 2012 (titre original The Cove)

Cela commence un peu comme dans « Un pied au paradis » : un ingénieur vient dans une ville, curieusement appelée Mars Hill, en Caroline du nord, annoncer aux habitants que la municipalité a l’intention de noyer le vallon à proximité pour en faire un lac artificiel ; mais, surprise, les gens sont contents ! Dans ce vallon, à présent inhabité, il n’est arrivé que des malheurs…

Nous sommes ramenés quarante ans auparavant, à la fin de la Grande Guerre : Laurel Shelton est une jeune femme courageuse et déterminée, que la population dans son ensemble évite, exclut du groupe, et craint (ou feint de craindre) à cause de sa tache de naissance ; notez que cette tache n’est même pas sur le visage ! Ces gens l’ont prise comme bouc émissaire… elle vit dans la propriété que ses parents achetèrent autrefois dans le fameux vallon presque toujours sombre, entouré de bois, avec Hank son frère, qui a perdu une main en Europe dans les tranchées. Un homme assez âgé Slidell leur voisin, les aide et les apprécie .

A Mars Hill, seule l’institutrice Mlle Calicut, une jeune fille nommée Marcie, quelques rares autres villageois, acceptent de parler à Laurel, et l’estiment.

Laurel a repéré un vagabond qui campe près du vallon à proximité de la rivière ; elle s’occupe de lui lorsqu’il est en détresse, le recueille. Il va aider Hank à la ferme ; ce jeune homme possède une flûte en argent ( un vrai instrument de concert dont il joue parfaitement car ce fut son métier). Il ne parle pas et possède un bout de papier où il est écrit « Walter Smith ne peut plus parler à cause d’une maladie dans l’enfance il a besoin de partir pour New-York »

Le lecteur apprend vite le secret du joueur de flûte, Laurel aussi, un peu plus tard, et cela renforce leurs liens qui vont au-delà de l’amitié. Ils projettent de fuir à la fin de la guerre. En attendant, il faut se cacher…

On nous montre la grande bêtise et la méchanceté des gens du village ; notamment Chauncey un bureaucrate lâche et avide de gloire qui tremble en tenant un fusil ; une bande de violeurs, avec à leur tête l’infâme Judd Parton, qui s’en prirent à Laurel.

Les villageois prennent comme victimes de simples citoyens d’origine allemande, qualifiés de boches, d’espions par leurs voisins lesquels savent très bien qu’ils n’ont rien à se reprocher ; tout comme ils savent que Laurel n’est pas une sorcière ! Simplement, ils débordent de haine !

Les gens de Mars Hill sont très dangereux et vont le prouver au-delà des craintes du lecteur. D’autres le sont un peu moins mais dans l’ensemble cette humanité est très sombre (comme le vallon privé de lumière). Ce roman est fort bien composé comme toujours chez cet auteur, une écriture précise et agréable à lire, on ressent les beautés de la nature la plus rude et la plus désolée, l’échantillon d’humanité montré ici est lamentable, et le propos est plus pessimiste que jamais dirait-t-on.

Partager cet article
Repost0
27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 10:28
Raymond Carver Tais-toi je t’en prie ****

Œuvres complètes T. 3

Ces nouvelles précèdent le recueil que je connaissais « les Vitamines du bonheur » ; il s’y trouve au moins trois nouvelles que J’avais déjà lues : « Obèse » ; « Voisins de palier « et « En voilà une idée ».

Parmi les autres, j’ai particulièrement aimé « La Peau du personnage ». Myers un écrivain en panne d’inspiration et sa femme Paula se rendent chez les Morgan, un couple dont ils avaient loué l’appartement lorsque ces derniers étaient en Allemagne. Les Morgan n’avaient pas apprécié la façon dont on avait traité leur appartement. Pourtant vers Noël lorsque les Myers viennent les voir, ils semblent faire un effort pour se rendre agréable. Toutefois Mr Morgan est vraiment caractériel n’a rien oublié de ses griefs et cherche à se venger.

L’auteur sait composer une histoire intéressante courte avec trois fois rien d’intrigue, quelquefois c'est à peine une anecdote! : un homme qui regarde sa femme servante travailler dans une cafétéria : il se rend compte que les voisins parlent d’elle en termes peu élogieux la trouvant trop charnue. Aussitôt il force son épouse à perdre du poids, en fait une obsession, achète une pèse-personne, la force à se peser tous les jours, lui interdit la nourriture. On voit que c’est le regard des autres hommes qui l’insupporte et détermine le sien. « (Ils t’ont pas épousée »)

« Et ça qu’est-ce tu en dis ? » montre un couple dont le mari veut s’installer à la campagne ; sa femme et lui ont hérité d’une maison où sa femme avait passé son enfance ; grosse désillusion : la maison une vraie bicoque ne correspond pas une seconde à ce qu’il avait imaginé…

« Personne disait rien » : un garçon de dix douze ans dont les parents s’invectivent très fort ; il ne sait pas à propos de quoi, mais craint le pire… le jour suivant il reste à la maison prétextant la maladie, s’ennuie, va pêcher des poissons dont il est très fiers ( le lecteur lui pense d’après la description qu’ils sont à moitié crevés…)

« Jerry et Molly et Sam » : un homme alcoolique mais pas au dernier degré a décidé de se débarrasser de Molly, la petite chienne de ses deux enfants qu’il trouve absolument insupportable ; après s’être donné beaucoup de mal pour la perdre dans un quartier éloigné, devant le grand chagrin des enfants, il repart la rechercher

Partager cet article
Repost0
23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 10:36
Aucun homme ni dieu Wiliam Giraldi ****

Autrement, 2015 ( Hold in the Dark, 2014), 309 pages.

Voici un roman que je n'aurais pas lu ( quoique le titre soit attrayant...) si je n'avais pas constaté l'intérêt qu'il a suscité chez les blogueurs!

Nous sommes dans le village de Keelut, dans le Denali (montagnes en Alaska) et c’est l’hiver.

Des loups sont descendus au village de Keelut, et ont dévoré plusieurs enfants. Superstitieux les habitants croient qu’il s’agit d’un mauvais sort. Russell Core écrivain spécialiste des loups, qui les a souvent observés, reçoit une lettre d’une villageoise, Medora : son petit garçon a lui aussi été victime des loups et elle veut que l’écrivain l’aide à abattre le (ou les ) animaux responsables, et retrouver son corps.

Corelui répond se rend au village, lui signifie qu’elle n’est pas maudite ; les loups ne s’attaquent aux hommes que s’ils ont faim (ou peur… comme tous les animaux d’ailleurs).

Après une nuit passée auprès de cette jeune femme, il part observer la meute sans envie de tuer. Fasciné par les loups il doit même lutter contre une envie de se faire dévorer par eux.

De retour au village, Medora s’est enfuie, et Core est mis en présence d’une tragédie dans laquelle le loup ne joue de rôle que totémique. Il existe des masques de loup qui apparemment transforment ceux qui les portent en justiciers redoutables ! Pourtant, les flics sont appelés, et le mari de Medora, Vernon, revient d’Afghanistan où il faisait la guerre (seul moyen pour gagner sa vie…)

On comprend très vite pourquoi la petite famille Slone était « maudite » ; s’en suit une course-poursuite sanglante ; Vernon cherche sa femme et détruit tout sur son passage. Et un carnage de flic ; le chef du village Cheeon qui a perdu femme et enfant et n’a plus de travail est prêt à en découdre lui aussi.

L’écriture est d’excellente tenue ; l’histoire intéresse : les conditions de vie des villageois du Denali ( fin fond de l’Alaska) sont bien rendues. Leurs superstitions et leur haine d’être abandonnés dans des conditions de vie précaire, aussi. Les paysages sont beaux. Nous avons là un roman d’aventures bien fait qu’on ne lâche pas.

Le message manque évidemment de subtilité : les personnages et les loups sont un peu naïvement idéalisés par l’auteur. Pourtant, j’aime bien la façon dont cela se termine….

Partager cet article
Repost0
17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 09:01

210 pages, publié en 1972 inachevé

Une femme et son futur ex-gendre conduisent la fille et fiancée de ceux-ci Ineko dans une maison de repos. Ineko est atteinte d’une curieuse maladie considérée comme la manifestation d’un trouble de la personnalité : elle ne voit plus le corps humain, de temps à autre. En fait, elle ne voit plus le corps de son fiancé en dessous des épaules. Cela a commencé alors qu’ils avaient une relation sexuelle apprend le jeune homme à la mère.En fait, le malaise est bien plus ancien. On apprend petit à petit comment Ineko a développé son symptôme, le rôle ambigu qu’elle devait jouer auprès de son père

Le fiancé n’est pas d’accord pour interner Ineko ; il va la délivrer menace t-il. En chemin ils voient des choses bizarres : le garçon une souris blanche la mère un champ de pissenlit qui ressemble à des êtres humains jeunes ou angéliques ??? Elle ne sait pas ; toutes les demi-heures ils entendent sonner la cloche de l’asile supposant que c’est Ineko qui la fait sonner et les appelle. Cependant la cloche ne sonne jamais de la même façon et leur inspire des sentiments variés.

Ils s’arrêtent dans une auberge.

L’échange de propos entre la mère et le fiancé est intéressant. Ces deux êtres cultivent des sentiments contradictoires envers Ineko et leurs ressentis sont exprimés avec beaucoup de poésie, ainsi que des quiproquos parfois amusants. Ils nous informent sur le trouble d’Ineko, le rendent moins mystérieux, mais pas moins problématique : le dialogue baigne dans une atmosphère mélancolique et inquiétante, parsemée aussi de propos humoristiques. Au fond ces deux là s’entendent bien mieux qu’ils n’en ont l’air. On se demande s’ils ne vont pas former un vrai couple, la pauvre Ineko étant définitivement écartée de l’affaire… on ne saura pas car l’histoire est inachevée. Cet inachèvement contrarie mais n'empêche pas d'être encore une fois envoûté par la belle prose de ce grand écrivain.

Partager cet article
Repost0
14 mai 2015 4 14 /05 /mai /2015 09:21

Presse-Pocket, 1965, 186 pages.

C’est l’histoire de Louis Cuchas né fin du 19 eme siècle rue Mouffetard cinquième des six enfants de Gabrielle Cuchas, dont le mari alcoolique a disparu ; elle est marchande des quatre saisons aux Halles. A beaucoup d’amants de passage, et tout le monde dort dans la même pièce les enfants séparés des adultes par un simple drap tendu.

Louis est différent de ses frères et sœur, il est très observateur, se tient en deçà des histoires de la famille au jour le jour, bien qu’il se tienne au courant, et parle peu. La contemplation est son activité favorite. Un des amants de sa mère lui offre des crayons de couleur et joue avec lui aux échecs. Ces deux activités vont décider de son avenir. Il deviendra peintre après avoir aidé sa mère dans son métier et être devenu commerçant aux Halles pendant pas mal d’années. Peintre sans école, ni surréaliste, ni cubiste, ni rien de tout cela, mais pas non plus académique ou pompier. Un talent très personnel. Des tableaux sont décrits et permettent d’imaginer la chose.

Son surnom « petit saint » lui vient du fait qu’il ne se bagarre pas en classe, en rend pas les coups qu’on lui donne ( il est vraiment petit, ne dépassera pas 1m55) et reste franchement très raisonnable pour un garçon qui a reçu peu d’éducation et est entouré de mauvais exemples. Mais sa sagesse n’a rien d’un choix moral, elle est due à son indifférence pour les passions humaines. Il n’éprouve ni envie, ni jalousie, ni peine ni regret, tout entier plongé dans la contemplation.

Outre l’apprentissage de Louis qu’il rend crédible et assez intéressant, l’auteur décrit la vie des gens dans ce quartier populaire, où l’on est pauvre sans être nécessiteux. Les personnages de la famille de Louis sont bien rendus, peu fouillés (le roman est court)mais plus que de simples silhouettes.

Partager cet article
Repost0
11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 10:32

Actes-sud 2014 365 pages.

C’est l’histoire d’un frère et d’une sœur : Drick qui est psychothérapeute dans un centre psychiatrique, et Suzanne anesthésiste dans un hôpital. Ils ont toujours été proches : très jeunes ils ont perdu leur mère, accidentée d’une falaise (suicide accident, voire crime ?) leur père qui était présent, s’est éloigné d’eux et leur tante, Leida infirmière les a élevés : elle a suscité leurs vocations dans le milieu médical, bien qu’elle ait lâché son métier pour les élever. Ne s’est pas mariée non plus. Bref un sacrifice total sur lequel on s’interroge.

Drik et sa femme Hannah n’ont pas eu d’enfant ( lui n’en voulait pas, elle on ne sait pas, étaient-ils stériles ? on dit qu’ils ont « conservé leur secrets » ????) Suzanne a eu une fille Rose, et Peter son mari est psy tout comme Drik : les deux couples et l’unique descendante sont très proches. Sauf que Rose a voulu vivre seule subitement, ce que Suzanne vit mal. Aurait-elle un copain ?

Au début du roman, Drik a perdu Hannah victime d’une maladie incurable. Il recommence à travailler et reçoit son premier patient depuis la mort de sa femme. Le jeune Allard interne en première année de psychiatrie semble avoir une raison importante de venir ; il ne se plaît pas dans la spécialité qu’il a choisie, et se demande s’il ne doit pas en changer. Tout de suite, Drik a un mauvais pressentiment, ce patient lui déplaît ; mais il attribue ce malaise au fait qu’il est resté trop longtemps sans travailler : il doit tenir bon !

Et pourtant la petite famille si soudée va bientôt voler en éclat !

Dans une post face l’auteur explique qu’elle a voulu mettre en face l’analyse, lieu où l’on cherche à se souvenir, à prendre conscience d’événements et de pensées refoulées, et l’anesthésie, discipline basée sur l’oubli, le sommeil, l’absence de douleur. Avec Drik le lecteur perçoit les difficultés d’une psychothérapie qui se voudrait classique avec un patient qui réagit bizarrement ; avec Suzanne on pénètre dans les blocs opératoires, et on assiste à moult opérations certaines complexes et risquées ; on partage les problèmes des médecins et chirurgiens certains actes chirurgicaux sont « obligatoires mais complètement inutiles, car le patient ne vivra pas longtemps de toute façon ». La proximité de la mort que confère l’anesthésie donne un sentiment de toute-puissance, et Suzanne s’afflige de découvrir que même les anesthésistes peuvent eux-aussi atterrir au bloc opératoire au titre de patients.

La façon dont cette famille (Drik Suzanne et leurs proches) très soudée va progressivement se déliter, est bien décrite, la vie professionnelle de Suzanne intéresse car très bien documentée. Pourtant, on finit par s’ennuyer : d’abord avec Drik et son patient, ces séances laborieuses et qui ne mènent à rien. Drik en dit beaucoup trop à son patient, il ne le laisse pas s’exprimer.

Le bloc opératoire, va nous tenir en haleine plus longuement mais l’écriture est loin d’être aussi convaincante que par exemple « Réparer les vivants » avec laquelle on ne peut s’empêcher de faire quelques comparaisons.

Quant à l’intrigue elle-même, l’élément perturbateur devrait dévoiler tout ce qui ne va pas dans cette famille. Ce n’est pas franchement le cas…

Partager cet article
Repost0
8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 22:23
Alice Munro Rien que la vie ****+

L’Olivier octobre 2014, 313 pages.

Titre original :Dear Life 2012

Nous avons là une quinzaine de nouvelles courtes d’Alice Munro qu’on ne cesse de comparer à Tchekhov depuis qu’elle a obtenu le Nobel.

L’auteur décrit la vie de quelques personnages, leur vie quotidienne et une portion importante de leur vie tout court, avec les faits importants qui en ont infléchi le cours. Souvent il ne se passe rien au sens d’un événement romanesque, et pourtant les récits fourmillent d’aventures et de rebondissements. L’auteur se plaît à mettre en place des situations frustrantes: dans Admunssen ; la jeune institutrice qui trouve un poste dans un sanatorium, n’a pas le droit d’enseigner vraiment. Elle s’applique à éprouver de l’amour pour le médecin, car elle s’ennuie : pas de romance évidemment, et pas de vrais regrets. Sauf pour l’admirable paysage… Un autre personnage de ce sanatorium, une lycéenne enthousiaste et pleine de ressources dans cet univers triste et austère, reste une énigme : comment s’y prend-elle pour être heureuse ?

J’ai aimé particulièrement la nouvelle « Train » : un soldat qui revient du front, saute du train trente kilomètres avant sa destination, lorsque l’engin ralentit suffisamment. Nous restons à ignorer longtemps (presque jusqu’au terme du récit !)pourquoi il ne voulait pas aller jusqu’au bout ; pendant ce temps Jackson vivra sa vie : rencontre fortuite d’une vache dynamique, d’une fermière enjouée, vivant dans le passé, et dans des conditions vétuste, avec qui il s’établit, puis les circonstances qui lui font aller en ville…

Dans « Corrie » un couple illégitime est victime de chantage de la part d’une domestique. Sur ce thème vraiment classique, l’auteur a brodé quelque chose d’original. Il y a aussi des situations vraiment dramatiques comme dans « La Gravière » : deux fillettes et leur chien, un couple désuni, le ressentiment de la cadette envers une aînée trop entreprenante cette hyperactivité masquant son désarroi.

Dans « Vue sur le lac » on ne devine pas tout de suite ce que signifie l’errance de la narratrice qui cherche dans une ville inconnue un médecin apparemment introuvable. Ce récit est d’une féroce ironie. L’ironie est présente dans la plupart des récits , plus ou moins appuyée. Le titre anglais « Dear Life » est également ironique, ce que ne dit pas le titre français.

Un recueil qui m’a bien plu dans l’ensemble. L’auteur nous présente les quatre dernières nouvelles comme plus autobiographiques que les précédentes « je crois qu’elles sont les premières et dernières choses- et aussi les plus proches-que j’aie à dire de ma propre vie ». Elles sont centrées sur l’expérience du deuil, notamment celui de la jeune servante à qui la narratrice était fort attachée, victime d’un accident mortel. La fillette appréhende de voir un corps mort , son premier mort, et finalement n’éprouve pas du tout ce à quoi elle s’attendait…précisément, c’est là une des jouissances offertes par ce recueil : on est toujours surpris !

Partager cet article
Repost0
27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 13:42
Olivier Adam Peine perdue**+

L’Olivier, 2014

Antoine, jeune chômeur, footballeur prometteur mais violent, fait un petit boulot dans un camping, dans les environs de la corniche de l’Estérel. Repeindre des mobil-homes. C’est là qu’il se fait fracasser la crâne, on ne sait pas par qui. Il n’a pas pu aller cherche Nino son petit garçon pour aller voir nager les dauphins. Et il n’ira pas de sitôt. En plus, une tempête menace…

On a 22 monologues à la troisième personne, de gens qui vivent là dans ce paradis pour touristes, qui est leur décor naturel car pour la plupart, ils y sont nés. Des jeunes gens de trente ans et des poussières, qui sont chômeurs, ou font des travaux difficiles et sous-payés ; avec des petits enfants (ou non). D’autres gens venus de Paris, à la dérive, squattant une maison, se droguant, souhaitant mourir pour x raisons…

Au début, on s’intéresse à eux, à leurs problèmes, jusqu’à la page 100 environ, puis on trouve que ça se répète, on passe pas mal de pages. Les défauts d’Adam sont toujours un peu les mêmes : forcer dans le misérabilisme, trop traîner dans le sentimental, manquer de sobriété. En faire trop. Il nous inonde, nous submerge comme la fameuse tempête …

Partager cet article
Repost0
17 avril 2015 5 17 /04 /avril /2015 09:20
Valérie Zénatti Jacob, Jacob ****

L’Olivier, août 2014, 166 pages

C’est une famille de juifs pauvres à Constantine en 1944 ; le plus jeune fils de Rachel, Jacob, est appelé au front. Il vient juste d’obtenir son baccalauréat. La famille : Haïm le père cordonnier, Abraham le fils aîné, cordonnier aussi, boivent beaucoup, battent femmes et enfants. Deux autres fils Isaac et Alfred sont présentés comme ne valant pas grand-chose ; Madeleine, femme d’Abraham, et ses trois enfants Gabriel, Fanny, et Camille aiment profondément Jacob

Les femmes sont toujours à la cuisine, ménage, service des hommes, aucune distraction ni joie, les enfants dorment sur des matelas, ne sont pas nourris à leur faim. Jacob est le seul élément civilisé, parmi les adultes, et il va se battre en première ligne, pour délivrer la France, à l’hiver 1944, à Mulhouse. Ses camarades sont juifs arabes chrétiens, ils s’entendent encore bien, et chacun respecte les traditions, la religion du voisin. Tous sont logés à la même enseigne, cruelle, donner leur vie pour la France !

Le neveu de Jacob Gabriel fera plus tard la guerre d’Algérie, dans un contexte différent : il devra tuer des Arabes.

Récit poétique, bien écrit, à fleur de peau, sensible ; on s’attache immédiatement aux personnages ; il n’y a guère d’espoir pour cette famille plus ou moins sacrifiée. Deux descendants de Jacob survivent à ces conditions difficiles et auront une vie presque normale.

Partager cet article
Repost0
13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 14:28

Minuit, 142 pages, 2009

Le narrateur est un adolescent (ou peut-être n’a-t-il que 12-13 ans ?) et c’est son oncle Pithiviers qui décide de son destin. Hélas cet oncle est un bien méchant personnage ; dès le début, il oblige le jeune garçon à l’aider à castrer un chat (avec le fameux cutter) et à asphyxier les petits de la portée. Pithiviers est jardinier et son neveu l’aide : après le chat, il y aura mort d’homme. En effet Mme Kaltenmuller la maîtresse de maison a décidé de sa débarrasser de son mari en simulant un suicide ; avec l’aide de Pithiviers. Le narrateur voudrait bien aider sa sœur Lili sur qui passent tous les hommes qui la croisent…. Peut-il faire confiance à l’inspecteur de police venu enquêter ?

Ce récit est écrit semblablement aux précédents, pour chasser l’aspect dramatique des situations, l’auteur évite le passé simple, le présent de narration, et le monologue intérieur. Le narrateur rapporte des faits précis et concrets. On a des jeux de mots « Je me suis tu » : ce verbe taire, est ici mis en relation avec le pronom « tu » comme si l’on cherchait à aller du je au tu ( le lecteur ?) ; et bien sûr le verbe « tuer » est aussi de la partie.

Au bout de trois opus on est un peu las d’Yves Ravey.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Nuagesetvent
  • : Comptes rendus de mes lectures avec des aspects critiques + quelques films de fiction Récits de journées et d'expériences particulières Récits de fiction : nouvelles ; roman à épisodes ; parodies. mail de l'auteur : dominique-jeanne@neuf.fr
  • Contact

Rechercher

Archives Récentes