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2 novembre 2021 2 02 /11 /novembre /2021 12:53


Agullo,2021, 358 pages


Un roman noir croate!


Croatie, 1989. Dans un bourg de la côte dalmate, Silva, 17 ans, disparaît durant la fête des pêcheurs. L'enquête menée par Gorki Sain fait émerger un portrait complexe de cette jeune fille qui prenait et revendait de la drogue. Quand le régime de Tito s'effondre, l'inspecteur est poussé à la démission et l'affaire classée. Seule la famille de Silva poursuit obstinément les recherches.
À travers ce drame intime et la quête de la vérité par la famille, L’Eau rouge déploie dans une grande fresque les bouleversements de la société croate : chute du communisme, guerre de 1991 à 1995, effondrement de l’économie et de l’industrie, statut des vétérans de guerre, explosion de l’industrie touristique et spéculation foncière, investissements étrangers et corruption… Ou comment les traumatismes de l’Histoire forgent les destins individuels.


Davantage roman que polar,roman historique qui témoigne à travers les destins de quelques personnages de profonds bouleversements dans cette province de Yougoslavie, devenue état indépendant après une longue guerre contre les Serbes,et finalement ce village ( Misto àcôté de Split)  devient la proie des promoteurs immobiliers et s'enlaidit alors que les touristes affluent dès la fin du printemps.
la disparition de Silva donne lieu à des rebondissements et n'est élucidée que dans les dernières pages. Explication d'ailleurs peu convaincante...

la façon dont les différents protagonistes évoquent la jeune fille au fil des années évolue assez peu (sauf chez le père, Jakov ) la psychologie reste rudimentaire. Il n'empêche que pour un polar c'est vraiment bien écrit...

 

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29 août 2019 4 29 /08 /août /2019 19:07

 

Noir sur Blanc, 2018, 330 pages.

Sept jours dans la vie d’un homme et d’une femme, voisins, qui, nous le sentons sont appelés à se rencontrer même si de prime abord, ils ont tout l’air de s’éviter. Enfants, ils ‘étaient perdus ensemble et retrouvés dans la forêt, à présent ils ont plus de 40 ans. La femme est venue pour vendre sa datcha, l’homme réside dans la sienne et n’aime pas franchement la compagnie…

Cela se passe de nos jours au nord de Saint-Pétersbourg  à l’orée d’une forêt dense, à la fin d’un mois de juillet torride.

Les sept chapitres portent le titre des sept jours de la création selon la Bible. La vie des  héros du roman suivent donc cette évolution, bien que la fin du roman évoque davantage la fin du monde que le début.

La narration épouse tour à tour les pensées et sensations  de chaque personnage ( l’homme et la femme-ils ne sont pas nommés donc ils sont plus ou moins exemplaires ?) selon un flux de conscience  (un quasi monologue intérieur) qui mélange les remarques sur leur ressenti corporel , leurs actions au quotidien, leurs problèmes concrets, le souvenir de leur vie passée et des êtres maintenant disparus, les parents , et pour l’homme un ami cher, des  dialogues venus de l’extérieur  prononcés par les gens qui les entourent ( des gens ordinaires , des voisin, un soi-disant réparateur, des vieilles femmes…), des bruits, des  tout cela se fond en un méli-mélo vivant et fourmillant où parfois l’on se perd… on ne sait plus qui a dit quoi, il faut revenir en arrière.

On peut penser à Faulkner à Virginia Woolf … bref,  c’est ce type de construction narrative qu’a choisi l’auteur,  et elle y excelle. Diverses tonalités traversent le récit , le  mal être, le tragique, les mauvais rêves, voire le délire dominent,  mais aussi les soucis quotidiens et parfois,  on a presque envie de rire : lorsque l’homme tente de faire de la confiture de cassis et perd son dentier en goûtant l’affreuse mixture qu’il a obtenue !

Quoique non nommés, l’homme et la femme ont de personnalités très affirmées : l’homme est  traducteur de métier, il est sur un roman de science fiction qui l’ennuie et en même temps ça le sauve de ses pensées morbides : car son quotidien est infesté de soucis lié à la datcha où il vit : la serrure de l’abri de jardin est cassée et il n’arrive pas à la faire réparer, le fonctionnement des appareils ménagers est précaire, l’approvisionnement en nourriture difficile, et surtout à chaque instant il croit entendre ses parents décédés lui faire des remontrances sur sa façon de vivre et de gérer le tout venant (on se demande même s’il ne les entend pas réellement parler ses parents, si la frontière du réel et de l’imaginaire ne s’abolit pas pour lui).  La femme est plus réaliste mais elle aussi est gênée par  ses parents défunts : ils auraient aimé qu’elle soit une intellectuelle comme eux, et elle a opté pour des études commerciales, et y a réussi ; cela n’empêche pas un vécu douloureux et des remords à propos de mauvais souvenirs et de regrets ( elle voudrait avoir un enfant mais elle a déjà 47 ans) et elle est venue pour vendre une maison pleine de fantômes  . Une maison où dans la pièce à vivre son père avait accroché  une reproduction du Jugement Dernier de Bosch, ce  n’est pas de tout repos, mais pourquoi ne l’a-t-elle jamais décrochée ?

L’un et l’autre n’arrivent pas à vivre bien et la nature ne va pas les y aider.

Et les champignons ? Eh bien ils sont maléfiques, vénéneux et empoisonnent la vie et même l’estomac ; la femme consomme des champignons peu comestibles et s’en ressent..

Je ne  suis pas sûre d’avoir bien compris le message final,  mais le récit est captivant  et d’une haute tenue littéraire.

 

 

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 13:40

 

Un recueil de sept nouvelles qui a commencé par me plaire, et qui se révèle inégal.

j’aime les nouvelles qui mettent en scène plusieurs fillettes venant de milieux socioculturels différents dans la Russie des années 50 : dans « Un si bel amour », qui donne son nom au titre,  Tania, la fillette pauvre, amoureuse de sa prof, est prête à d'incroyables sacrifices  pour lui offrir une corbeille de fleurs ! Une déception s’en suit, mais le destin de cette presque adolescente, tôt rudoyée par la vie, ne cessera de nous étonner.   Deux autres nouvelles mettent en scène Tania et ses amies de classe : les jumelles d’origine arménienne ( rescapées du génocide) Aliona la fillette juive dont les parents sont relativement à l’aise ( et sa mère américaine) et quelques autres…ces filles d'origine et de milieu social très différents sont excellemment mises en scène  dans le Goûter d’anniversaire et  «  la varicelle », qui m'a plu  encore davantage…

La quatrième histoire est bien aussi, où l’on suit la pauvre Nina, veuve de son mari et de sa mère ( qui se détestaient ) et bizarrement persécutée par un gros chat noir, qui semble presque un fantôme maléfique , sorti d'une histoire de Poe. Titre : la Bête.

Ensuite ça se gâte : je n’ai pas aimé l’histoire fort longue et ennuyeuse de la vieille mégère qui tyrannise son monde, encore moins la nouvelle qui est inspirée de « Lolita » …

 

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15 février 2017 3 15 /02 /février /2017 12:06

Actes sud 550 pages

La préface de l’auteur nous apprend qu'elle fait partie de la génération Gorbatchev ; elle est née en 1948.

« Il nous a été plus facile d’accepter l’effondrement de l’idée communiste parce que nous n’avons pas vécu en un temps où cette idée était jeune et forte, auréolée de la magie pas encore dissipée d’un romantisme désastreux et d’espoirs utopiques. Nous avons grandi sous le règne des vieillards du Kremlin »

« Je pose des questions non sur le socialisme mais sur l’amour la jalousie l’enfance la vieillesse… sur les détails d’une vie qui a disparu… l’histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles restent toujours en marge… je regarde le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne. «

 

L’auteur a collecté une masse de témoignages de gens de tous âges et de conditions diverses pour parler de leur vie : cela commence par des « propos dans les cuisines « une dizaine de personnes parlent, anonymes, et se répondent : on est un peu perdu !

Même si elle a fait un résumé des principaux faits en URSS et après sa chute, débutant à la mort de Staline ( 5/03/1953) jusqu’en 2012, c’est parfois difficile de remettre les propos des personnes interviewées dans leur contexte politique exact.

Plus éclairant sont les témoignages de deux femmes de même âges ( 49 ans au moment de l’interview c'est-à-dire aujourd’hui sans doute quelques années de plus) ; elles se connaissent et ne sont pas ennemies mais vont donner des avis diamétralement opposés sur la Pérestroïka qu’elles ont connue toutes deux dans leur jeunesse et de près car elles occupaient des fonctions importantes à Moscou.

L’une regrette l’Urss pourvoyeuse d’idéaux, l’autre apprécie ce que Gorbatchev et son équipe a fait naître en dépit des privations et du chaos favorisant la corruption dans les années 90 ; l’époque était difficile : on vivait mal. On attendait autre chose ; chacune réagit suivant ses attentes. D’autres témoignages sur cette époques font apparaître des destins différents même si l’on retrouve des schémas identiques : le putsch de 1991, les prises de positions diverses, la peur ou l’excitation, la crise financière des années 90, chômage et inflation monstre, fut un drame pour certains, cette jeune femme et sa mère ne pouvant même pas faire enterrer la grand-mère, obligées de garder le cadavre, puis livrées aux aléas d’une bande de voleurs qui les sauve puis les jette à la rue… d’autres familles ont souffert de malnutrition, mais n’ont pas connu un sort aussi horrible.

Mais on lira aussi des vies de personnes plus âgées qui ont connu l’époque stalinienne, la seconde guerre mondiale, le Goulag, l’Afghanistan, et qui sont nostalgique de cette époque. Le « capitalisme » a tout détruit selon eux. Toutes les valeurs auxquelles ils croyaient…vivant misérablement, persécutés, parfois dénoncés par leurs voisins, ils n’en regrettent pas moins cette époque…

 

Tous les récits sont éprouvants, mais certains sont de terribles drames. Notamment le récit de cette femme arménienne vivant en Azerbaïdjan , puis devant s’enfuir en Russie, où elle ne sera jamais acceptée de toute façon.

L’auteur a présenté les témoignages de telle sorte que deux personnes de même âge ayant vécu à la même époque puissent livrer des ressentis différents, voire opposés.

Les récits prennent la forme du monologue, bien que celui ou celle qui s’exprime s’adresse à l’auteur. Les récits de vie sont sans doute remaniés mais l’oralité en est préservée, l’émotion, l’impression d’un jaillissement de la parole, les répétitions, tout ce qui laisse penser à une parole authentique, et favorise l’empathie. Les récits, de ce fait, sont souvent très longs, parfois logorrhéiques, pas toujours faciles à endurer jusqu’au bout.

  1. faisant pénétrer dans le quotidien de familles ordinaires, on partage la vie des gens, ce que des essais et des livres d’histoire ne sauraient faire. A travers ces témoignages forcément subjectifs, on apprend beaucoup.

C’est un livre à acheter, et à lire par petites tranches. Avant de le lire, il faut s'être bien informé de chaque tranche d'histoire de l'Urss à la Russie de nos jours( sans compter les pays qui s' sont plus ou moins séparé ) de façon à bien remettre en contexte tous les propos recueillis. 

 

 

 

 

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 21:56

une banale histoire 48249 250 400 

Folio 2 euros, 131 pages.

 

Moi qui avais de bons souvenirs de Tchekhov, que cette longue nouvelle m’a donc ennuyée au plus haut point !

Le narrateur est un professeur de biologie-médecine de 62 ans, qui enseigne encore, mais pense sa fin prochaine, et n’arrête pas de l’envisager. Il se base sur un autodiagnostic dont on reste à ignorer les détails. Toutes les deux pages il se dit qu’il va mourir bientôt, dans quelques mois, là tout de suite… c’est le leitmotiv de son récit.

Nicolaï Stépanovitch est mécontent de tout, à commencer par sa femme Varia, devenue épaisse et grippe-sou, il se demande ce qu’il a pu lui trouver autrefois. Sa fille il la trouve égoïste, elle lui coûte cher avec ses cours au conservatoire de musique. Il déteste son futur gendre dont il fait un portrait effrayant, ce serait un. Son fils est officier, qu’est-ce qui lui a pris d’embrasser la carrière militaire ?

Les étudiants sont stupides, les collègues casse-pied, l’époque insupportable, le théâtre de maintenant imbuvable. Les sorties théâtrales, quel ennui ! Une bonne pièce ne devrait pas être jouée, elle se suffit d’être lue. « Je n’ai jamais partagé cet engouement pour le spectacle. Amon avis, si une pièce est bonne, point n’est besoin, pour qu’elle fasse l’impression voulue, d’importuner des acteurs ; on peut se borner à la lire. Si elle est mauvaise, aucun jeu ne la rendra bonne. »  Intéressant de lire cela sous la plume de ce dramaturge dont les pièces sont et furent si souvent mises en scène…

C’était au temps où le théâtre, occidental en tous cas, était surtout du texte. Ce genre littéraire a évolué, et nombreuses sont à présent les pièces qui reposent presque entièrement sur la mise en scène !

Enfin, il y a Katia, une orpheline dont la famille s’occupe depuis longtemps. Enfant, elle a vécu avec eux, ensuite elle a fréquenté un internat. Nicolaï l’aime davantage que ses propres enfants, bien qu’il la critique aussi beaucoup. Katia est partie jeune vivre sa vie, c'est-à-dire se lancer come actrice dans ne troupe de théâtre, en Europe. Là-bas, elle a connu bien des déboires, amoureux et professionnels et la voilà encore jeune, revenue près de son père adoptif dans une maison qu’elle loue. Aussi désespérée que Nicolaï mais pour d’autres raisons. Ils ne peuvent rien l’un pour l’autre ! L’on a rarement lu un texte aussi déprimant.

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 23:28

Viviane Hamy, 300 pages.

la ballade d'Iza

première publication en 1963.

 

En 1960, en Hongrie, petite ville de province, Etelka vient de perdre son mari Vince. Elle a 75 ans. Sa fille Iza trentenaire surbookée,  l’emmène à Budapest vivre avec elle. Elle a une belle chambre d’amis ; Etelka (désignée par  l’expression la vieille femme la plupart du temps) ne s’accoutume pas et se sent inutile. Elle s’occupait surtout de travaux domestiques, cuisine, travaux d’aiguille, entretien de sa maison. Chez Iza, elle ne peut rien faire de tout cela. Sa cuisine trop calorifique déplaît ; son café à la Turque aussi. Elle ne peut tricoter pour Iza qui n’aime que le prêt-à-porter.

Elle a peur  des objets modernes. Le frigo lui paraît une grosse bête ronronnant. La cuisinière et le toaster ne valent pas un vrai feu. Elle s’ennuie sans son mari, duquel elle était exagérément dépendante. Il décidait de tout ce qui n’était pas le travail domestique.

Iza sa fille, est heureusement tout le contraire : elle a suivi l’exemple de son père. Médecin rhumatologue très appréciée, elle n’a besoin de personne, et règle parfaitement sa vie. Elle va de liaisons en liaisons sans s’engager ( a déjà divorcé après 7ans de vie commune).

Iza ne veut pas fonder de foyer, or les hommes cherchent cela. Son ex-mari est en train de s’attacher à une infirmière ( qui avait déjà donné de la joie au père d’Iza dans ses derniers moments).

Dans le même temps, on nous relate l’existence difficile et même héroïque, de certains des personnages de l’histoire, dans une Hongrie communiste, mais criminelle envers ses ouvriers, rapide à mettre à l’écart un juge qui  ne veut pas condamner un innocent, sans cadeau pour les fils et filles de travailleurs qui mettent toute leur énergie à faire des études supérieures, sans compter les  heures périlleuses de la guerre.

Le roman conte donc les relations d’incommunicabilité entre les différents personnages tous  exceptionnels.  Magda Szabo, ainsi que je m’en étais déjà aperçue, met en scène des héros, et on se sent bien insignifiant auprès d’eux.

Etelka, la vieille femme, n’en fait pourtant pas partie…ni son sympathique lapin que vous voyez sur la première de couverture.

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 10:08


Rue KatalinViviane Hamy, 2006, 235 pages.

1er publication 1969.

 

Les Ekeles , leur fille Iren, et leur gendre Balint, vivent à l’étroit dans un appartement du centre de Budapest, avec  la petite fille qu’Iren a eue d’un premier mariage. Nous sommes en 1968. Ils ne sont pas heureux, ne cessent de penser au passé, lorsqu’ils vivaient rue Katalin, dans des maisons avec jardin, avant la guerre. Ces maisons ne sont plus, et certaines personnes chères ont également disparu, notamment Le couple Held et leur fille Henriette, compagne de jeu d’Iren et Balint, victimes des persécutions nazies.

Blanka, la sœur d’Iren vit loin d’eux dans une île au climat tropical, dépendante d’un époux et d’une famille riches, qui la séquestrent, tout en l’entourant de sollicitude

Henriette, disparue depuis longtemps, circule au milieu d’eux, comme fantôme, sans être reconnue. Vivants et morts sont obsédés par l’existence d’autrefois, tel un paradis perdu.

Au fil des chapitres, nous prenons connaissance de ce passé, plongés dans les pensées de l’un ou l’autre des protagonistes.

Tout commence en 1934, lorsqu’Henriette et ses parents arrivent rue Katalin, où vivent déjà les Elkeles et Balint, ainsi que son père. Dans les jeux des enfants perce déjà la rivalité amoureuse : les trois fillettes sont folles de Balint. Les parents sont difficiles, la vie est loin d’être idyllique, mais ces êtres sont jeunes et pleins de passion, quoique déjà perturbés…

 

Ce récit est surtout un roman psychologique et de mœurs. Bien sûr,  les événements historiques  (seconde guerre mondiale, persécution nazie, dictature communiste) y tiennent une part non négligeable, et se mêlent de gâcher irrémédiablement la vie, déjà bien  compliquée, des personnages.

  La narration souple navigue dans les pensées des uns et des autres, dans un va-et -vient du présent au passé et d’un personnage à l’autre. La forte présence du fantôme de la jeune Henriette qui se promène parmi les vivants  et prend de plus en plus d’importance est là  pour désigner  là une vraie tragédie : les survivants à la famille Held, vont se comporter comme des morts-vivants tout le restant de leurs jours. Les connaissances qu’ils font à l’âge adulte, ils les tiendront à distance, rejetant comme peu important tout ce qui n’a  pas de lien avec la rue Katalin. Soit qu’ils aient été traumatisés par leurs deuils, soit que leurs familles aient vécu trop repliées sur elles-mêmes la constat est désespérant.

 

Il n’empêche que pour l’auteur, l’âme humaine est généralement torturée, et  le présent  alourdi par les souvenirs et les regrets.

 

 

 

 Lu dans le cadre de la semaine hongroisesemaine hongroise 7 au 13 mars

 

D'autres billets chez Schlabaya et Cryssilda.

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 15:50

metamorphose-dun-mariageLivre de poche, 2008, 500 pages. Traduit du hongrois.

 

Ce roman  met en scène trois personnages deux femmes, et un homme qui les a épousées l’une après l’autre, en tout trois dialogues que ces trois protagonistes énoncent  tour à tour, chacun s’adressant à un ou une amie, longtemps après les faits, pour raconter ce mariage, mais aussi sa vie tout entière. 

Ce sont en fait des monologues car l’interlocuteur ne parle pas , mais on évoque ses réponses, destinées à relancer le récit…

C’est Ilonka,  première épouse de Peter, qui ouvre le feu.

Elle est issue de  la bourgeoisie moyenne et a épousé en Peter un bourgeois aisé. Sa vie a changé dut tout au tout. Sa vie conjugale a été ratée, son mari étant toujours occupé ailleurs, elle a passé le temps à chercher l’nnemie la rivale ( quitte dans un premier temps à l’imaginer en la personne d’un ami de Peter)…à conquérir son mari inaccessible…

 

Ensuite Peter s’exprime, pour évoquer ses deux mariages l’n très convenable avec Ilonka l’autre qui lui paru très aventureux et excitant avec Judit, jeune femme qui servait dans sa famille de bonne à tout faire…il parle aussi longuement de son enfance, de sa jeunesse, de ses voyages, de son ennui profond, de son regret de n’être pas artiste ou écrivain.

 

Puis c’est Judit , la servante devenue maîtresse de maison, après avoir vécu une enfance misérable à la campagne et une vie de bonniche bien meilleure chez ses bourgeois aisés, qu’elle mérpisait tout en les enviant…

S'approprier les biens matériels et culturels de la classe dominante, tel est son but ; elle les apprécie tout en les méprisant, ce qui n'est pas sans provoquer des contradictions chez ce personnage.

 

Ces trois témoignages ( en fait il y en a quatre...) ne manquent pas d’intérêt. On y vérifie ou l’on y découvre, c’est selon que chacun désire  ce qui lui paraît inaccessible,qui se refuse à lui,  et ce qui lui fait figure d’interdit. Ilonka aime son mari qu’elle a senti loin d’elle dès le départ . Chaque personnage est conditionné par sa classe sociale, et son sexe ( les préjugés véhiculés à propos de son sexe, et auquel il se conforme).  Tout cela est fort bien observé. Ilonka est prisonnière de ce qu’on lui a dit sur les femmes, les femmes n’ont pour but qu’aimer un homme et avoir un ou des enfants, les femmes ont besoin du bonheur, pas les hommes.

Les femmes ne sont pas intéressées par la politique, ainsi il sera peu question des bouleversements qu’elle a vécu : deux guerres mondiales, l’installation d’une  démocratie communiste, sa chute , rien de tout cela nel’a marquée sérieusement ! Pauvre Ilonka, toujours à la poursuite de sa rivale, elle est vraiment cruche, mais comment lui en vouloir ?

 

Peter décrit longuement les travers de la bourgeoisie, et les idées préconçues sur les hommes, dont  il ne s’est pas affranchi car il les a trouvées à son avantage.  Le contexte politique est un peu plus présent  dans sa vie.  Toute fois ses préoccupations sont avant tout intellectuelles, etlorsqu'il tente d’annalyser ses échecs conjugaux , il a une façon particulière de faire semblant de se mettre  en question, en se réservant tout de même le beau rôle.

Toutefois, c’est  Judit, la servante qu’il a épousée, qui  a vraiment vécu les conflits sociaux-politiques, guerres, dictatures,  et la déportation des juifs  ne lui a pas échappé contrairement aux deux autres…

 

Il y a aussi Lazar, cet écrivain original, qui joue un rôle pour chacun des protagonistes, et dont la mélancolie décadente est présente dans chacun des récits...

 

L’écriture est assez originale surtout les métaphores employées.

Un défaut tout de même, ces monologues sont un peu longs, et répétitifs concernant les enfances des protagonistes, et redondants parfois.On passe quelque pages de temps à autre. L’ensemble est néanmoins riche d’analyse socio-psychologiques de trois êtres très différents, (cinq en réalité), et de méditations sur divers sujets fondamentaux.

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4 décembre 2009 5 04 /12 /décembre /2009 00:23

 

 

1ere publication 1842 : Gogol a choisi lui-même l'ordre de parution de ses récits

mon édition est de 1999.



La Perspective Nevski

 

Cette avenue n’est pas l’équivalent des Champs-Elysées parisiens car on n’y trouve pas que des riches oisifs. Une bonne partie de la population de la ville y passe de temps à autre , des personnes de genres et conditions variées.

 

Cela donne l’occasion à l’auteur d’une satire sociale concernant divers groupes  : des nobles, des fonctionnaires, des allemands et des femmes.

La description s’interrompt pour laisser place au récit narrant les différentes destinées de deux jeunes hommes qui ont chacun voulu suivre une femme à leur goût.

Piskarev le peintre a suivi une jolie brune. Il se retrouve dans un bordel vétuste à un troisième étage avec des rombières et sa nouvelle copine qui fait partie de cette engeance, lui propose une passe.  Il se sauve et rentré chez lui, sombre dans un rêve stupéfiant....

Réveillé, Piskarev décide de retourner dans cette maison de tolérance. Sa brune est à peine dessaoulée. Lorsque Piskarev lui propose la mariage et une vie honnête, elle refuse, ne voulant pas faire la bobonne. Soi-disant que la prostitution c’est mieux…

 

Pigirov, lui, a suivi une blonde. Il est fonctionnaire, son destin sera burlesque et non tragique. La blonde est mariée à un cordonnier allemand. Pigirov tourne autour d’elle se fait faire des bottes extravagantes, par le dit cordonnier, s’introduit chez lui le dimanche, pendant qu’il est au cabaret....

 

Le Portrait

Un jeune peintre encore en apprentissage achète chez un brocanteur le portrait d’un homme portant des vêtements asiatiques. Ses yeux semblent vivants. Hanté par le personnage qui paraît sortir de sa toile, le peintre est troublé, et sa confusion augmente lorsque, son logeur venant réclamer le loyer qu’il ne peut pas payer, il trouve mille louis d’or entre la toile et le cadre.

 

Devenu riche, le peintre fait des portraits à la mode de nobles, et de hauts fonctionnaires, et son talent ne se développe pas. Après des années d’oisiveté, il tombe malade et meurt non sans avoir regretté son talent disparu et été longuement tourmenté par le cauchemar du tableau.

Ses biens sont vendus aux enchères : un jeune peintre veut s’approprier le tableau maudit et explique que le modèle était un vieil

usurier connu pour porter malheur. Quiconque lui empruntait même une petite somme sombrait dans la misère et on l’appelait le Diable.

Peu avant sa mort, il demande au père du jeune homme de le portraiturer. L’artiste se rend compte que les yeux sont trop vivants il prend peur et refuse de terminer le portrait…l’artiste cependant ne réussit plus à peindre que des gens au regard diabolique. Il se défait du portrait. Le nouveau possesseur sombre dans la déchéance. Le tableau passe entre diverses mains toujours causant le malheur. Le fils du peintre avait ordre de son père, de récupérer le’objet et de le  détruire. Ce qu’il fait…

 

 

Le journal d’un fou

Burlesque et tragique.

Un petit fonctionnaire amoureux de la femme du patron perd la tête. Il entend la chienne de la jeune fille s’entretenir avec une chienne amie en russe et parler des lettres qu’elle lui envoie. L’amoureux subtilise le courrier et apprend que la fille va faire un riche mariage et qu’elle le considère lui, comme un débile.

Il sombre dans la mélancolie, ne se rend au bureau que pour proclamer qu’il est devenu roi d’Espagne, se fait interner, croit voir dans les autres malades ses sujets, se sent persécuté, rêve de gagner une autre la nète… Le journal s’étend sur plusieurs mois…

 

Le Nez

Cette nouvelle est la plus célèbre.

On la tient avec raison pour la plus originale.

C’est un barbier qui trouve un nez à côté de son petit pain du matin. Sa femme prétend qu’il l’a arraché à un client dans son entrain ! Inquiet, le barbier se débarrasse de l’objet encombrant en le jetant dans le fleuve. Il a été vu…. Un haut-fonctionnaire se réveille sans nez… mais aucune plaie n’indique de blessure. Détails comiques : il cache son visage dans un foulard, va à la poste faire passer une annonce, pour faire rechercher son nez ! Il fait venir le médecin qui n’en peut mais...

 

Entre temps, le nez a été repêché et le barbier emprisonné. Le propriétaire se le recolle craignant qu’il ne retombe… on remarque l’absence de violence : le barbier a le nez de son client. Il ne l’a pas arraché. Pourtant il avait des raisons de lui en vouloir …

 

 

Le Manteau

Il manque  une partie du Manteau dans mon exemplaire fort décati! je parie que c'est Saint-Martin qui s'en est octroyé  la moitié! Il ne faut plus se gêner...!

 

  Un bon recueil qui me donne envie de lire un roman de l'auteur ...

 

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30 août 2009 7 30 /08 /août /2009 20:12

10/ 18, 1985.

(1ère publication en 1960).

Gombrowicz est décédé neuf ans plus tard, il y a quarante ans déjà!








Le narrateur qui porte le même nom et prénom que l'auteur ( est-ce autobiographique?), fuit Varsovie en 1943 avec un ami Frédéric, pour se retirer à la campagne où un nommé Hippolyte les héberge.


Frédéric est un artiste qui s'est jadis occupé de théâtre. Pour effectuer les gestes les plus insignifiants, il a toujours l'air de jouer, c'est cette caractéristique qui a plu à Witold «  il ne faisait que se comporter, il se comportait sans cesse ».


Ces deux messieurs d'un certain âge, oisifs, et attirés par les jeunes gens, vont s'intéresser à la fille de leur hôte Hénia, et à Karol, un jeune voisin en rupture avec ses parents, que Hippolyte a accueilli chez lui en échange de menus services.

Les deux adolescents se connaissent depuis l'enfance.


C'est le premier dimanche de leur séjour, lorsque Witold et Frédéric se sont contraint à aller à la messe avec la famille, que l'esprit de Witold commence à battre la campagne.

La course en calèche l'énerve «  la perversité de cette randonnée me frappa tout à coup, car nous étions comme sortis d'une image d'Epinal-une photo morte du vieil albumde famille- et sur la colline le véhicule périmé était visible de très loin, ce qui rendait la contrée particulièrement ironique, d'une méprisante cruauté ».

Le plaisir qu'il escompte obtenir du manège de son ami Frédéric qui se comporte en parfait croyant allant même jusqu'à prier avec ferveur, ne lui sied pas autant qu'il le faudrait. «  l'église n'était plus une église. L'espace y avait fait irruption mais un espace cosmique, déjà noir,et cela ne se passait même plus sur terre, ou plutôt la terre se transforma en une planète suspendue dans le vide de l'univers, le cosmos fit sentir sa présence toute proche, nous étions en plein dedans... suspendus avec nos cierges et notre lumière et c'est là-bas dans l'espace infini, que nous manigancions ces choses étranges avec nous et entre nous, semblables à des singes qui grimaceraient dans le vide».


C'est ainsi, que pour faire exister ce « vide », il jette son dévolu sur les jeunes gens, la garçon d'abord, en fonction de ses penchants. Mais la réalisation de ses pulsions n'est pas possible, donc il invente une intrigue dramatique à propos des jeunes gens.


Ils se rend bientôt compte que Frédéric partage son goût.


Les deux compères, décident, par caprice et perversité, que les deux adolescents doivent se mettre ensemble : ce fantasme les poursuit et ils interrogent les jeunes gens sur leurs penchants :

Hénia est promise à Albert, un notaire nettement plus âgé qu'elle, et semble se contenter de cela, et Karol préfère les femmes mûres plus expérimentées que les jeune filles.

Les deux amis ne recueillent guère de succès dans leur entreprise, même si Frédéric fait accomplir des jeux théâtraux aux jeunes gens, en vue d' exciter la jalousie du notaire. Mais des événements fortuits vont les servir dans leur tâche...


Le style : le récit consiste en un monologue vif, enlevé, bavard, où Witold entrelace ses pensées avec le récit des événements et les dialogues des personnages qui viennent rompre une éventuelle monotonie du texte.


Du côté de l'intrigue, on est partiellement satisfait : on n'arrive pas à croire que les deux adolescents obéissent réellement à Witold et Frédéric pour leur plaire,on peut penser qu'ils agissent pour leur propre compte, et ne se sont jamais souciés de ces deux messieurs et de leurs manigances, en fait les gesticulations intellectuelles de ces deux messieurs et leurs prétendues manipulations des jeunes nous semblent vaines. Ainsi le fait que les deux jeunes gens se soient amusés à écraser le même ver de terre,chacun à un bout, lui paraît un signe: ce ver sera identifié à l'ennemi que les jeunes sont prêts à anéantir...


Reste la vision du monde du narrateur, originale, loufoque, qui intéresse sans séduire. Mélange de sarcasmes, comparaisons réalistes aussi bien que de rêveries romanesques.

 

Challenge ABC Lettre G

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