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17 août 2009 1 17 /08 /août /2009 23:00

A la poursuite du bonheur

 Blogotrésor n ° 4


Belfond, 2001.

 

Aux obsèques de sa mère, Kate, découvre une femme de 75 ans qu'elle n'a jamais vue, mais qui la regarde avec insistance et semble la connaître. Cette dame se recueille aussi sur la tombe du père de Kate, décédé alors qu'elle était toute petite..

Bientôt cette inconnue lui envoie des messages, lettres,emails,télégrammes,appels téléphoniques...

Cette soudaine intrusion irrite Kate, d'autant plus qu'elle connaît une existence difficile avec son ex-mari, son petit garçon, son frère qui n'entre en relation que pour demander de l'argent, et ce deuil d'une mère avec qui elle ne s'entendait pas...

Mais c'est aussi à cause de toutes ces frustrations qu'elle va accepter de prendre connaissance du récit de Sara Smythe .


En 1945,dans une soirée organisée par Eric son frère, Sara rencontre le père de Kate, Jack Malone. A cette époque, ils ont un peu plus de vingt ans, et fêtent la fin de la guerre. Sara est une jeune femme cultivée, à moitié émancipée, journaliste à New-York, très indépendante pour l'époque. Eric son frère cherche à percer comme auteur dramatique. Jack est soldat, mais lui aussi écrit.

Jack et Sara vivent ensemble une nuit avant qu'il ne reparte au front. Cet amour dure d'autant plus que les amants trouvent sur leur chemin une grande quantité d'obstacles( très variés) à leur bonheur, mais pas de totale impossibilité.


Et même pendant un certain temps, Sara sera très heureuse«  j'adorais la compagnie de Jack,l'avoir dans mon lit, parler avec lui, mais je ne détestais pas me retrouver en tête-tête avec moi-même quand le week-end arrivait. Ma brève et désastreuse cohabitation avec George m'avait prouvé que je n'étais pas de celles qui renoncent facilement à leur jardin privé, et malgré toute la passion que je vouais à Jack, je reconnaissais qu'il était bon de vivre trois jours à mon propre rythme, selon mes seules envies. »

mais cela ne va pas durer, rassurez-vous...!


Certains passages sont très bons : j'ai aimé celui où Sara devient  l' épouse d'un employé de banque obtus, et la  belle fille d'une maîtresse femme sadique, dans une petite ville de province. Les pages sur le marccarthysme dans les années cinquante sont également réalistes et bien documentées.


Mais il y a aussi des dialogues faibles et interminables, et un peu trop de catastrophes inutiles...

 

Voilà un roman bien romanesque, ficelé comme un bon saucisson, un peu trop gros toutefois, réservé aux appétits plutôt gargantuesques, et aux amateurs de fast-food ( de temps à autre, on se laisse tenter...)

 

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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 23:49

 

texte de 1897.

10/18, 1993, 241 pages.

 

Challenge ABC : J

 

Mrs Gereth est en conflit avec Owen, son fils qui, maintenant fiancé, veut s'installer dans la demeure familiale de Poynton dès qu'il aura épousé Mona Brigstock. Il a hérité de ces biens tandis que sa mère devra s'installer dans un modeste cottage à Ricks.

 

Mrs Gereth est très attachée à ce château, qu'elle a meublé et décoré elle-même avec des objets d'une réelle valeur artistique. Son fils ne comprend rien à l'art, sans parler de Mona, qui n'est sensible qu'à la valeur marchande, et à la possibilité d'en jeter plein la vue à ses relations.

 

Heureusement, la dame a rencontré Fleda Vetch, une jeune fille pleine d'esprit et de goût, qui a tout de suit aimé Poynton. Fledan n'a pas de domicile réel, vit tantôt chez son père, tantôt chez sa sœur mariée,dans des quartiers modestes, ou chez les gens qui l'invitent.

Mrs Gereth va la tirer de cette gênante situation en la prenant à son service. Le statut de la jeune fille n'est pas très bien défini. Elle est demoiselle de compagnie, mais doit aussi servir d'intermédiaire entre le fils et la mère qui ne se parlent plus.

En effet, Mrs Gereth a osé faire retirer de Poynton tous les objets de valeur auxquels elle tenait. Elle s'est mise hors la loi, et Mona ne veut plus se marier tant que les objets ne seront pas restitués. Mrs Gereth de son côté, a aussi ses exigences pour restituer lesdits objets, et dans son esprit Fleda doit jouer un rôle primordial auprès de son fils...Fleda accepte jusqu'à un certain point...

 

 

voilà un roman passionnant, une belle réussite d'Henry James. Le personnage de Fleda est vraiment magnifique, cette jeune fille pauvre, qui navigue entre plusieurs écueils, et maintient ses exigences :elle ne se soumettra à aucune bassesse, contrainte pour ce faire, de résister à la fois à Mrs Gereth et à Owen, que pourtant elle aime. Son sentiment amoureux la fait rêver mais ne l'aveugle pas. Mrs Gereth est une femme en même temps ingénieuse et idéaliste, qui croit pouvoir imposer ses volontés en usant d'un stratagème, oublieuse de la vraie nature des êtres. Le personnage du jeune homme est veule, fluctuant, assez bête, prêt à se jeter dans les bras de n'importe quelle femme, qui lui dit ce qu'il veut entendre; un pleutre, comme presque tous les hommes.

Tout cela est présenté, comme à l'ordinaire chez James, avec un grand sens du dialogue, du non-dit, de l'ellipse, toutes les ressources de l'ironie .

 

A ne pas manquer!

 

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3 août 2009 1 03 /08 /août /2009 23:10

Vladimir Nabokov Lolita ou la Confession d'un veuf de race blanche

(première publication en 1959)



Ce frisson avant-coureur fut déclenché je ne sais trop comment
par la lecture d'un article de journal
relatant qu'un savant avait réussi, après des mois d'efforts,
à faire esquisser un dessin par
un grand singe du Jardin des Plantes ;
ce fusain, le premier qui eut été exécuté par un animal,
représentait les barreaux de la cage de la pauvre bête. »

(Nabokov, A propos de Lolita)



Comme nous l'annonce le mot mis en exergue, l'amour pour Lolita fut déclenché par cette vision d'un singe qui dessine les barreaux de sa cage.

Ce singe est-il Lolita? Ou est-ce Le narrateur?


Ce roman est présenté comme le récit que fit Humbert Humbert en prison où il attendait d'être jugé pour meurtre. H.H. est bien sûr un pseudonyme.

Celui qui le porte vient de décéder, et , selon son vœu, l'ouvrage peut être publié, Lolita étant morte elle aussi.



La Confession de Humbert est présfacée par un soi-disant docteur en philosophie «  Ray » et suivi d'un «  A propos  de l'auteur de Lolita »


Le Dr Ray donne Lolita comme une leçon de morale;  l'auteur ironisera là-dessus, spécifiant que le Dr Ray représente la «  mauvaise lecture par excellence ». Il insistera lui, sur le «  fait esthétique », que représente son amour pour Lolita...



L'histoire:


La première partie compte 33 chapitres, le dernier compte comme un épilogue.


Humbert s'adresse à ses juges et prétend reconstituer son journal intime, déchiré cinq ans auparavant. Il débute par un récit assez bref de sa vie sur le ton de l'ironie et du sarcasme.

Une vie qui comporte beaucoup d'invraisemblances dans les situations, et des morts violentes.

Malgré tout le narrateur est aussi très fleur bleue, sentimental à l'occasion, analytique dans d'autres cas, (érotique? pas tellement...)  ce qui fait un mélange bizarre.


Suisse franco-anglais, il a rencontré à l'âge de 13 ans Annabelle, aussi jeune que lui, en Italie, en est tombé amoureux, et ils se sont séparés.

Vingt-quatre ans plus tard, Humbert tombe amoureux une seconde fois de Dolorès ( Dolor) qu'il appellera Lolita ou «  ma Lo », lors d'un séjour en Amérique.

Nous sommes en 1947.

Il est professeur de littérature et écrit des manuels de français à l'usage des étudiants anglo-saxons. Il a connu plusieurs dépressions et fréquente des maisons de santé. Il cherche une retraite en Nlle Angleterre, et se sent d'humeur à travailler...

Or, il va hélas, cesser toute activité intellectuelle pour avoir aperçu la fille de sa future logeuse à Ramsdale où on lui propose d'emménager. Humbert constate qu'il plaît à Louise Haze sa logeuse. Ce fait l'insupporte, il  a horreur des femmes faites.

C'est sur une imitation de la Riviera, que Louise Haze la logeuse un peu snob  a posée sur sa pelouse, qu'il voit Lolita ,12 ans ½, nonchalamment allongée.

Il croit revoir Annabelle, son amour de 13 ans «  Annabelle Lee » que Poe chanta.



Il s'explique longuement sur son choix amoureux «  les nymphettes de 9 à 14 ans ». Les filles pépubères, ni complètement petites filles, ni tout à fait adolescentes, avec force références littéraires, et tente de capter le charme qu'elles exercent sur lui. Dante, Virgile, Pétrarque, selon lui,  ont aimé des fillettes et en ont fait leurs inspiratrices ( Béatrice, Didon, Laure).


A cause de Lolita, il emménage dans cette maison, supporte la maman, son club littéraire et ses bavardages, réussit à se satisfaire de Lolita en la touchant à peine. Il détaille une sorte de gymnastique acrobatique incroyable, comico-tragique, à laquelle il se livre, alors que la fillette lui est déjà devenue familière.

Les événements précipitent sa perte, son entrée dans l'illégalité. Lo est envoyée dans un camp de vacances. Pour la revoir, Humbert est contraint d'accepter les avances de sa mère et de l'épouser.

Hélas, la mère veut la mettre en pension. Pire, elle découvre l'agenda secret de son époux. Alors qu'il se croit perdu, assez comiquement, elle se fait écraser par une voiture en traversant la rue.

Nous voyons clairement que l'intrigue n'est qu'un prétexte, mais y prenons goût tout de même.



Le voilà en train de présenter son rival Clare Quilty, auteur dramatique de son âge, qui va aussi s'intéresser à Lolita....


Humbert se rebaptise plaisamment Mr Hyde. Jeune veuf, (il a trente-sept ans) il va retrouver Lolita au camp de vacances, et le périple commence. Il n'osait rien trop lui proposer à « l'hôtel des Chasseurs enchantés », mais elle «  se donne » et n 'était plus vierge. Humbert avait préparé de la drogue pour l'endormir mais n'a pas eu à en faire usage.


La deuxième partie c'est « notre grand voyage à travers les Etats-Unis ( d'aout 47 à 48 et jusqu'en 1952.) La Nlle Angleterre, Le sud, Dixieland, le Pays du coton, les Montagnes Rocheuses, les déserts du sud ( en hiver), la côte Pacifique jusqu'au Canada, l'est jusquà la côte Atlantique, avec pour point de chute le site universitaire de Beardsley où Lo fut à l'école quelque temps.

 

Car " Lolita " c'est aussi et peut-être avant tout, un road-movie très réussi, avec une remarquable course-poursuite...

 



Dans le dernier chapitre Humbert s'adresse à Lo.


L'aventure tourne assez mal.La relation de ce couple un peu spécial évolue vers la séparation.

Le professeur Humbert s'ennuie à mourir avec Lolita, fillette au demeurant assez vulgaire et sans goût pour se cultiver ; il se sent bientôt suivi et remarque que Lo disparaît et revient pour de courtes périodes. Il repère une voiture mais ne pourra empêcher Lolita de lui fausser définitivement compagnie en 1950, lors d'un séjour à l'hôpital.


Deux ans plus tard n'ayant pas trouvé son rival, qui se fait inscrire dans les hôtels sous des noms facétieux, il reçoit une lettre de Lo, mariée et enceinte. Elle a vécu avec Quilty, et s'est sauvée pour échapper à des partouzes. Elle a trouvé un ami de son âge, un ouvrier,l'a épousé...

Humbert va chercher Clarence...


__________________


L'auteur retient ce qu'il y a de pervers dans l'amour, pour à partir de cette perversion, en dégager une transmutation esthétique. De la perversion à l'art s'opère une transformation, qui n'est ni de la sublimation ( Humbert ne renonce pas à la sexualité) ni de l'idéalisation ( il reste cynique et lucide, quoique éperdu d'amour).


Il n'aime pas le Souvenir de Léonard de Freud.

Forcément, car il voudrait que son art soit inné, alors que Freud désignait ,à l'origine des œuvres d'art, des expériences fantasmatiques de l'enfance, que certaines personnes auraient ensuite arrangée de manière à produire une œuvre esthétique.


Nabo nous dit de remarquer le jeu de tennis de Lo . Sa façon de jouer au tennis est « perverse par excellence, » car elle ne cherche pas à atteindre le but fixé par le jeu, ni à marquer des points. C'est même dans cette façon de perdre qu'elle a les poses les plus singulières et les plus esthétiques.


«  Ma Lolita, en arrangeant l'essor ample et ductile du cycle de son service, avait une façon inimitable de lever son genou gauche légèrement plié et pendant une seconde on voyait naître et flotter ans le soleil la trame d'équilibre vital que formaient le bout de ce pied pointé, cette aisselle pure, ce bras poli et brun, sa raquette levée haut en arrière ».


Déesse «  Elle souriait, les dents étincelantes, au petit globe suspendu dans le ciel, au zénith de ce comos puissant et délicat qu'elle avait créé à seule fin de l'abattre d'un coup bref et retentissant de son fléau d'or ».


«  le long essor de la balle, dépourvu d'effet et de mordant »


elle y est toujours gaie ( «  elle l'est si rarement dans sa sombre existence auprès de moi »)


«  Son style de tennis... était au sommet de ce qu'on peut atteindre dans l'art du faux-semblant »

-clarté exquise de ses mouvements

  • contre-partie acoustique dans le claquement de chacun de ses coups.

Lorsqu'il tue Clarence c'est avec un « claquement ridiculement menu et infantile que le coup partit. La longueur du meurtre, le corps à corps dérisoire,le fait qu'il mette Clarence et lui sur le même plan ( un vieux drogué et un pervers au cœur malade) fait penser qu'il tue une mauvaise partie de lui-même, non artistique.


Nabokov cite largement la «  Recherche «  : il est clair que Lolita est une sorte d'Albertine  "je voudrais appeler la dernière partie «  Lolita disparue ».


La conclusion, Nabokov nous la joue « jamesienne » : Lui et Lolita « ce serait la vieille Europe, tendant ses bras fatigués à la Jeune Amérique ».


la « jeune Amérique », Lolita, c'est cette gamine de douze ans, forcée de vivre maritalement avec l'époux de sa défunte mère, puis avec l'homme qui les suivait, espérant être tombée en de meilleures mains; hélas, ce fut pire, et à 17 ans, sans ressources la voilà mariée à un ouvrier de son âge. Et enceinte. Elle se croit enfin tirée d'affaire, et mourra en couches...


Je n'ai pas répondu à la question: Lolita ne fut-elle, en dépit de toutes les grandes théories esthétiques de l'auteur qu'un petit singe que l'on dresse et dont on prend plaisir à voir qu'il sait dessiner les barreur de sa cage? Où est-ce le narrateur qui est prisonnier, et son roman le dessin des barreaux d'une cage?



Lolita a été adaptée au cinéma en 1962, par Stanley Kubrick. Un film critiqué, que, personnellement j'aime beaucoup, au moins autant que le roman. On y voit bien l'évolution de la relation d'Humbert avec l'adolescente qu'il fait passer pour sa fille avec plus ou moins de bonheur, les conflits qui naissent au sein de ce couple, et la composition de Peter Sellars en Quilty est remarquable.


 

 

Pour une autre expérience Nabokovienne, je vous conseille aussi et surtout " La vraie vie de Sébastien Knight" que j'ai chroniquée.


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10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 14:56

Un monsieur âgé et handicapé, August Brill, se raconte une histoire la nuit pour occuper ses heures d'insomnies.

Une histoire comme quoi il y aurait une autre Amérique qui aurait connu avec l'entrée dans le 21eme siècle une destinée divergente de celle que nous connaissons : des état auraient fait césession et seraient devenus socialistes ( du moins en intention), sous le nom d'Etats-unis indépendants.

Les autres états ( Washington Californie, tout le fief de Bush) auraient pris le nom de Pacifica. Les deux groupes d'état se feraient une guerre sans merci.


Notre insomniaque jette dans cette tourmente, un citoyen vivant dans l'Amérique habituelle, Brick.

Brick dormait tranquillement auprès de son amie... le voilà au fond d'un trou, avec un casque de soldat sur la tête.

 

Il se retrouve en pleine guerre, caporal,et chargé d'une mission , tuer l'écrivain qui a créé cette Amérique démoniaque.


Brill s'appuie sur Giordano Bruno «  si Dieu existe, il a pu créer une infinité d'autres mondes ».

 

C'est presque tout. Car le jour, Dieu n'a pas créé grand chose de bon. L'insomniaque Brill ancien journaliste, vit avec se fille Miriam, et sa petite fille Katya : tous ont des problèmes de deuil respectifs et broient du noir, plus ou moins seuls. L'occupation préférée de notre homme est de regarder de vieux films au magnétoscope avec Katya et d'en faire une relecture à partir de l'attention portée à de petits détails restés souvent ignorés du spectateur moyen. Ainsi revoit-on d'un œil neuf Ozu et son «  Voyage à Tokyo ». La plupart des propos tournent autour de la condition féminine.

 

 

L'hi stoire de Brick dans l'autre monde pourrait avoir une certaine force, mais elle tourne court, le vieux monsieur n'ayant pas envie de la poursuivre : c'est l'aube, et Katya sa petite fille vient le rejoindre pour lui demander de raconter sa vraie vie à lui. Qui, on ne s'en étonne pas, sera assez proche de celle de Brick...

 

C'est un récit agréable, avec des réflexions pertinentes, mais un récit de Brick et de broc, pas un roman cohérent. J'ai préféré «  Dans le scriptorium » malgré son côté ... austère, et plus encore «  La Nuit de l'oracle » , pratiquement mon préféré...

 

Mais " Seul dans le noir" a ses afficionados, par exemple Fashion.


je serais plutôt d'accord avec Cuné, qui regrette que l'histoire de Brick ne soit pas plus développée...

 


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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 23:41

Christian Bourgois, 2008. ( titre original «  Feathered ») 227 pages



Deux lycéennes de 18 ans quittent leur Illinois natal : Anne et Michelle vont au Mexique pour les vacances de printemps. Elles sont proche de leur examen de fin d'études secondaires, et ce voyage doit signifier leur entrée dans la vie adulte, même s'il ne dure que cinq jours.


Michelle n'a pas eu de père. Sa mère ne trouvait personne à son goût et s'est fait inséminer artificiellement. Elle semble avoir choisi le spermatozoïde dans un catalogue de vente «  pour mille dollars, je sais qu'il a les yeux verts et qu'il est violoncelliste ».

La jeune fille ne cache pas qu'elle souffre de la situation, répétant souvent qu'être la fille d'un spermatozoïde ne laisse aucun cours à l'imagination, mais semble socialement adaptée. Elle est heureuse de quitter enfin une maman omniprésente,sur protectrice, certaine qu'il va enfin lui arriver quelque chose.


A peine arrivées à Cancun, le soleil et la mer les éblouissent, mais pas l'atmosphère bruyante qui règne dans cet hôtel, un lieu fait exprès pour le bronzage la baignade et la drague. La station balnéaire  touristique n'a rien de dépaysant.


Les deux amies acceptent la proposition d'un homme d'âge mûr, qui se prétend historien et archéologue. Il propose de les emmener au temple de Chichèn Itza. Là-bas, dans un décor impressionnant, se dresse une pyramide, où les anciens Mayas sacrifiaient des jeunes filles vierges pour offrir leur cœur à un dieu du même genre que le Quetzacoatl des Aztèques. Approcher d'un peu plus près une civilisation si différente de la leur serait la moindre des choses...

Ainsi, elles seraient venues au Mexique pour se cultiver, faire des découvertes, et pas seulement se regarder bronzer...

Anne craint l'homme : elles ne le connaissent pas, et n'auraient pas dû accepter la proposition. Les mères leur ont répété sur tous les tons de ne suivre aucun inconnu, même de bonne mine et avec les yeux bleus. D'ailleurs lui-même les raille en les qualifiant d'imprudentes!

Et pourtant, les voilà parties en voiture avec cet individu...

Ses propos sur les sacrifices et coutumes de vie des Mayas ne tardent pas à terrifier Anne.

L'homme est peut-être fou?

Ou simplement pervers?

Tandis que Michelle, au contraire, est de plus en plus heureuse jusqu'à boire les paroles de l'inconnu. Cette évolution contraire des sentiments des deux amies va les mettre en danger, car elles se désolidarisent, et se séparent ; Anne reste en bas de la pyramide, anxieuse, tandis que Michelle grimpe avec légèreté vers le ciel à la suite de son mentor.


Le roman est court, efficace, plein de détails réalistes, qui mettent en valeur les personnages: personnalité exaltée de Michelle son mysticisme ingénu, le désarroi croissant d'Anne. Le portrait au vitriol de la mère de Michelle fait sourire. Certains personnages-clefs restent ambigus aussi longtemps qu'il le faut pour nous tenir en haleine, et le tour que prend le récit ne cesse de surprendre jusqu'à la fin.

Le récit est écrit de deux points de vue alternatifs -Anne à la première personne- Michelle à la troisième.

Les adolescentes se trouvent prises au piège. Pour profiter de leur séjour, elles sont forcées de prendre quelques risques. On comprend qu'Anne soit effrayée et se jette dans la gueule du loup, alors qu'elle croit y échapper et que Michelle cède au désir de visiter une pyramide avec un bel inconnu. Toutefois l'adolescente est en pleine contradiction, voudrait vivre des aventures hors du commun, dont elle regrette qu'elles soient interdites aux femmes, mais en même temps elle est prête se sacrifier à un dieu pour donner un sens à sa vie!!


Le récit fait signe au «  Serpent à plume » de Lawrence, cité plusieurs fois dans le récit. En effet, dans ce roman ( publié vers 1930), l'écrivi anglais DH Lawrence y mettait en scène une femme voyageant au Mexique, qui, tentée par deux beaux jeunes gens qui s'identifiaient aux dieux mayas et aztèques, sacrifiait avec eux à des cérémonies rituelles. Mais cette héroïne, deux fois plus âgées que nos adolescentes, et aventureuse sans être folle, ne mettait   en danger ni ses jours ni sa vertu.

Toutefois les deux filles ne connaissent pas ce texte, et le lecteur, lui, se demande ce que pense Laura Kasischke de Lawrence, qui cherchait dans les rituels des ancien mayas une possibilité de régénération de l'homme spolié par la déshumanisation de l'ère industrielle.

Mais je n'ai pas de réponse à cela.

Simplement, cet ouvrage plein de suspense et au ton juste, est un bon moment de lecture.

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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 23:14

Stock ( Cosmopolite), 1998, 601 pages.


D'après «  We Were The Mulvaney » , 1996.


     l'histoire de cette famille nous est contée par le plus jeune d'entre eux Judd, né en 1963.


En 1993, il a trente ans et réussit à dvenir rédacteur en chef d'un périodique local relativement important de la ville où vécurent les Mulvaney à Mont-Ephraïm dans l'état de New-York.


A la première personne, il raconte, tantôt ce qu'il a vécu, tantôt ce qui lui a été rapporté, tantôt ce qu'il imagine comme vraisemblable d'après ce qu'il sait, de façon à reconstituer un récit linéaire.

«  Ce document n'est pas une confession.... j'y verrai plutôt un album de famille.... fait de souvenirs, de conjectures, de nostalgies, et c'est l'œuvre d'une vie, peut-être grande, et la seule œuvre de notre vie ».


Le ton est assez ironique dans les débuts devient plus grave ensuite, sans jamais se départir d'un léger détachement. Le plus jeune des Mulvaney peut parler de l'épreuve vécue par sa famille, car il y fut, de part son jeune âge, moins impliqué que ses frères et sœur, quoique ayant plus tard, accepté de jouer un rôle important.


Les Mulvaney sont une famille de la bourgeoisie provinciale installée à High Point Farm, une vaste propriété proche de Mont-Ephraïm dans l'état de New-York. Ils possèdent des vaches, des chevaux( chacun a le sien), des chèvres, des chiens, des chats, et des oiseaux.

Ils se servent des bêtes pour faire les intermédiaires dans leurs échanges entre eux. On s'adresse à un animal pour lui demander si Untel  aimerait ceci, ou lui dire ses impressions à propos d' Untel, ce dernier doit se reconnaître et répondre.

Cela paraît soit amusant, soit un peu étrange... et me met mal à l'aise.



La mère de famille, Corinne, aime chiner dans les brocantes et ramène toute sorte d'objets inutiles qui ravissent les enfants ou exaspèrent le père. Le père Michael a été lâché par ses parents, et a une revanche à prendre sur la vie. Il est devenu directeur d'une entreprise de revêtements pour toitures et a réussi à devenir membre d'un club privé de personnes snobs et arrivistes; il a l'impression d'être une sommité.

Corinne et Michael s'aiment. Ils sont un peu exhibitionnistes et se bécotent devant leur enfants, et en public comme s'ils avaient quelque chose à prouver!


Corinne aime son mari, même dans le mariage.

Son secret?

Jouer à s'imaginer qu'ils ne sont pas mariés...

«  lorsque papa et maman se rencontraient en public, même s'ils ne s'étaient quittés que quelques heures et que ce fut à l'école, le jour du matche de foot, au milieu d'une centaine de personnes,, papa accueillait maman avec un grand sourire, un « bon jour chérie! » et lui baisait tendrement la main : même Marianne rentrait sous terre; tellement c'était gênant.

Une des amies de maman lui demande un jour si elle et son mari avaient un secret, et maman répondit à voix basse: «  Oh, cet homme n'est pas mon mari. Nous faisons juste un essai ».



Par petites touches, on nous fait saisir le malaise qui règne dans cette famille ; les personnages sont un peu agaçants mais sympathiques en même temps, fragiles et moins adaptés à la communauté qu'on ne pourrait le croire.




En 1976, lorsque survient la catastrophe, les Mulvaney ont quatre enfants: Michaël 22 ans, Patrick 18 ans ( scientifique, passionné par Darwin), Marianne 17 ans «  belle, parfaite, merveilleuse et très comme il faut", et notre narrateur 13 ans.


Marianne se fait violer au bal de la saint-Valentin par un lycéen plus âgé qui la fait boire et lui raconte qu'il vaut se convertir et qu'elle seule peut le sauver. Marianne est très pieuse, à l'image de sa mère, et même chez les hommes on fait sa prière, à l'exception de Patrick. Cela peut étonner chez des jeunes en 1976, mais nous sommes dans une communauté américaine de petite bourgeoisie, dont l'auteur décrit bien les travers, les hypocrisies, les obsessions.

 

Du jour au lendemain, les Mulvaney sont bannis . Une descente en enfer les attend. En temps que lecteur, je n'ai pas été surprise par la réaction des prétendus «  amis » des Mulvaney mais choquée par l'attitude du père de Marianne, qui la répudie, et encore plus par sa mère, qui se range à l'avis de son mari et expédie sa fille chez une vague parente. A 17 ans, Marianne est livrée à elle-même, ne pouvant faire ses études, allant de place en place, servante, bonne à tout faire, rongée de culpabilité, cherchant à expier son « péché »...! Seul Patrick, son frère, s'émeut de ce traitement infâme, et va chercher à la venger...


J'ai été surprise par le happy end de l'épilogue, la réconciliation de Marianne avec un destin de « femme », tel qu'on l'entend dans cette société-là, ne me paraissait pas trop vraisemblable. Bien sûr qu'elle n'aurait pas dû non plus pardonner à sa mère : on voit à quel point les être humains peuvent être formatés!

La mère a élevé sa fille dans une atmosphère de pudibonderie, de non-dits, et l'a entourée d'animaux, et de croyances en l'innocence. Ni elle ni son mari ne feront jamais leur autocritique!


le mariage heureux et productif de l'aîné, et l'apparition hâtive de nouveaux personnages qu'on n'a pas le temps de connaitre à la fin, ne convainquent pas forcément. Cependant, nous comprenons que le plus jeune des Mulvaney tenait à montrer de quelle manière sa famille survit.




Pour ma première participation au blogoclub de lecture, j'ai apprécié ce roman familial de Oates, son observation aiguë des mœurs de son époque, et les qualités de la narration, même si je n'ai pas compris entièrement ce qu'elle voulait nous dire.

Par exemple, je ne saisis pas le sens de la phrase de Walt Whitman mise en exergue du roman. Elle pourrait avoir été choisie par le narrateur en hommage à son frère Patrick ?«  je me lègue à la terre pour pouvoir renaître de l'herbe que j'aime/ Si tu veux me revoir, cherche -moi sous la semelle de tes souliers.... »


J'ai hâte de lire les autres contributions, d'autres lectures seront les bienvenues pour moi!


je vou propose de lire l'article de Cléanthe qui interroge le texte intelligemment .

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31 mai 2009 7 31 /05 /mai /2009 23:38

Au Diable Vauvert, 2005, première parution aux USA en 1995.


Le parcours de deux garçons, qui ont été victime  d'actes pédophiles  à l'âge de huit ans dans une petite ville du Kansas, Hutchison. Le criminel fut leur entraîneur de base-ball.

Les deux histoires sont contées en narrations alternées.


Brian Lackey  ne se souvient de rien sauf de grands trous noirs au moment des agressions. «  cinq heures ont disparu de ma vie » . Et, à 19 ans, il enquête pour savoir ce qui lui est vraiment arrivé. Victime d'énurésie, d'évanouissements inexpliqués, vivant seul avec sa mère divorcée, sans vie sexuelle ni sociale,  il entretient un délire qui consiste à croire que pendant ces «  absences » il a été victime d'agressions de la part d'extra-terrestres. Une jeune fille, Avalyn, a vécu les mêmes choses et l'accompagne dans son enquête.

Immature, névrosé, mais pas stupide, il finit par renoncer à son explication délirante, et se lancer dans une vraie recherche qui le mène vers Neil Mc Cormick un gamin de son âge qui jouait aussi au base-ball avec lui....


Neil Mc Cormick l'autre victime, se souvient très bien,  de ce qui lui est arrivé. Il s'est laissé séduire par l'entraîneur sans difficulté, et éprouvé pour lui le sentiment amoureux.  Il vivait dans une atmosphère de relâchement sexuel, sa mère qui l'élevait étant alcoolique et nymphomane. Il appréciait les hommes vus sur ses magazines à elle.

Mais de là à franchir le fossé du fantasme à la réalité... ??

Nous comprenons que l'entraîneur a représenté pour lui une figure paternelle valorisante.

Il décrit bien, mais trop longuement les scènes qu'il vécut avec cet homme.

Le voilà aussi à 19 ans, délinquant, drogué( mais pas à mort), et prostitué aussi... c'est par l'intermédiaire d'Eric, un de ses amis, qu'il va enfin rencontrer Brian et lui raconter tout.


Ce roman  est  écrit assez correctement, mais pas suffisamment pour être une œuvre d'art, et même trop long pour un bon roman. Même chez un auteur tel que Jean Genet, dont les ambitions littéraires sont réelles et assumées, les scènes de sexe m'ennuient vite.

Ici, le talent de l'auteur, moyen, ne lui  laissait d'autre choix que le témoignage à  visée sociale.  Mais dans ce cas, il n'aurait pas dû s'étendre aussi longuement sur certains détails.

Les scènes de sexe sont trop longues, des suggestions ou quelques notations courtes eussent fait plus d'effet. Je ne vois nul intérêt à parler aussi abondamment de la vie de prostitué de Neil. Ce sont toujours les mêmes descriptions et le récit progresse peu ; sauf lorsqu'à la fin, il reçoit une raclée de la part d'un client (encore une fois il y a trop de détails inutiles pour que l'on s'émeuve, mais assez pour que l'on se dégoûte).

Trop long aussi les récits de Wendy et d'Eric, personnages utilitaires sans plus. Cinq six pages pour chacun aurait suffi. Les portraits de ces deux adolescents n'ont rien qui sorte de l'ordinaire...


L'enquête de Brian sur son passé est carrément assommante, lors de ses détours par les ovnis et extra- terrestres ! On croit difficilement que des jeunes de vingt ans puissent adhérer un seul instant à de telles sottises! J'avoue avoir passé des pages sur sa relation avec Avalyn.


Les jeunes gens vivent dans un milieu social évidemment défavorisé, avec des parents, soit délinquants eux-mêmes, soit indifférents, soit bizarrement naïfs ( la mère de Brian, celle de Neil aussi d'ailleurs, qui sont surtout bonnes cuisinière, mais rien de plus...). D'ailleurs ce même Brian, saisi d'un accès de lucidité, se dit que si ça se trouve, elle sait tout, sa mère,  mais préfère n'en pas parler. J'aurais aimé que l'on insiste sur ces non-dits car c'est là un aspect capital : que savaient ou soupçonnaient réellement les adultes, qui n'ont rien  dit et pourquoi ? On ne sait rien non plus du vrai coupable, jamais appréhendé.


Et  le témoignage à visée sociale se devait de faire intervenir un narrateur disant ce qu'il pense de la situation, en plus des récits des deux garçons.


Malgré tout, pour l'aspect documentaire,   j'aime assez le récit des festivités d'Halloween chez les enfants ; la description en est vivante et soignée.


Si  l'histoire était moins longue, elle pourrait se poursuivre utilement là où elle s'arrête, là où les deux garçons, réunis par la parole, pourraient envisager une nouvelle vie.

Mais cela n'intéresse pas forcément l'auteur. Je ne sais pas ce qu'il a voulu faire !


Ce  roman est conseillé par Ys, qui a éveillé mon attention.


J'ai exploré le site des éditions  Au Diable Vauvert,   où le roman a été publié en français. Les critiques sont élogieuses, on parle de poésie, de représentation réaliste de l'adolescence.


Je n'y ai pas été très sensible, tant pis!



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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 23:05


Laffont, (lot 49), 470 pages.

Titre original : The Echo Maker.


Michael Schluter, jeune homme de 27 ans, technicien de maintenance en informatique, est victime d'un accident. Son camion se déporte et tombe dans un fossé sur une grande route du Nebraska, à proximité de la rivière marécageuse ( célèbre ) où les grues viennent  faire halte en février, lors  de leur retour vers l'Alaska.

Grâce à un appel anonyme, il est transporté à l'hôpital, et sauvé de justesse, sort du coma pour reconnaître à son chevet, sa sœur Karin, mais nier que ce soit vraiment elle. Il développe une interprétation délirante : Ce serait une fausse Karin, un sosie ou une copie de la vraie, envoyée par on ne sait qui, à des fins malveillantes.

Il s'agit du syndrome de Capgras.

Karin est d'autant plus choquée qu'elle s'est toujours occupée de son frère, là où ses propres parents furent gravement défaillants.

Il y aussi, ce billet étrange que Mark a trouvé sur sa table de chevet «  je ne suis personne ; ce soir sur la North Line Dieu me conduit vers toi afin que tu puisses vivre et en ramène d'autres »


Qui a écrit ce texte ? Et quel sens lui donner ?

Pour Mark qui ne se souvient pas de l'accident, ce billet contient un message fort, il enquête pour trouver le rédacteur du billet qu'il appelle son « ange gardien ».

 Le billet  semble avoir un contenu religieux, Qu'avait en tête cet « ange gardien ? » Serait-ce un illuminé ?

L'accident de Mark serait-il un suicide ? Ou y aurait-il eu acte criminel ? La police établit que plusieurs véhicules se seraient trouvés au même moment sur cette route, en principe déserte, à l'heure où l'accident s'est produit...

Karin maintient sa présence auprès de son frère, et fait appel à un neurologue connu du grand public, Gerald Weber. Ce dernier a écrit plusieurs livres décrivant des cas particuliers de patients ayant développé des troubles psychiatriques à la suite de lésions cérébrales.

Il s'intéresse à Mark et vient faire un diagnostic.

Le problème c'est que Mark n'a pas subi de lésions cérébrales décelables. Ses troubles psychotiques relèvent donc d'une psychothérapie. Adepte des sciences cognitives, Weber n'est pas le toubib idéal pour lui, loin s'en faut !

Mark est entouré également de ses collègues de travail et amis, de sa copine, et d'une aide-soignante, Barbara, qui s'intéresse à lui au-delà de ce qui est requis.

Karin devient la tutrice de son frère, abandonne son job, renoue avec son ex-ami, Daniel, défenseur de l'environnement...


Dans ce roman, j'ai aimé le personnage principal, Mark : immédiatement sympathique au lecteur, plein d'énergie, et de curiosité, résolu à percer l'énigme de son accident ( il ne s'en souvient pas), doté d'un grand sens de l'humour(qui fait défaut aux autres personnages) et d'une verve exceptionnelle, où l'on trouve  le meilleur de l'écriture de l'auteur. Il nous fait parfois rire et il est bien le seul ! Son délire n'en fait pas un inquiétant paranoïaque ; il conserve du bon sens, de la joie de vivre, et une intelligence aiguë.

Le docteur Weber est un personnage sinistre, ennuyeux, et dangereux à la limite( il prescrit une thérapie comportementale, la pire des chose ! la psychologie pour les chiens !). Ses problèmes de couple nous ennuient autant que ses atermoiements,  ses interminables monologues, et sa psychologie de bazar.

D'autres personnages sont à la limite de la caricature, tel que Daniel, le défenseur de l'environnement, végétalien, vivant comme un moine, n'allumant jamais le chauffage, profondément inhibé...

Le récit comporte des pages assez belles sur les  grues et leurs déplacements : on nous explique aussi le rôle mythologique de ces animaux, dans la plupart des cultures.

On apprend aussi beaucoup de choses sur le Nebraska, son histoire, son avenir social compromis.

L'intrigue a pour signification un changement profond dans la vie de Mark, qui va mettre de la distance entre sa sœur et lui (c'est le sens de ses symptômes) et se découvrir une relation sérieuse avec une autre femme. Il le paie au prix fort, mais le résultat est à mon avis loin d'être négatif. Elle aussi Karin, change de vie, évolution lente douloureuse, frustrante. Elle s'est toujours occupée de son frère suite à une enfance traumatisante (évoquée de façon correcte) et il leur faut grandir, mener leur vie chacun de leur côté.  De ce point de vue, le récit, comme roman d'apprentissage,  est très réussi.


Nous avons aussi le contexte de l'immédiat après-onze septembre, et son influence sur les gens. C'est un peu la tarte à la crème du moment, et sur ce plan là, on n'apprendra rien que l'on ne sache déjà.

Donc, ce roman est à moitié bon. Non sans intérêt, mais décevant par rapport aux comptes-rendus, lus ici et là...je me serais bien passée du docteur Weber !!


Pour d'autres avis différent, Amanda et Keisha.


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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 10:03


Actes-sud ( Babel) 2000, 566 pages.

 

Bob Dubois réparateur de chaudière dans une petite ville du New Hampshire, laisse éclater sa rage à la veille de Noël 1979. Il n'en peut plus d'être ouvrier et de gagner un salaire de misère, même en faisant des heures supplémentaires la nuit.

Là-bas, en Floride, son frère Eddie et son pote Avery font «  des affaires », mènent la « grande vie », eux qui sont débrouillards... ils ont  promis à Bob un avenir riant.

En dépit de ses nombreuses qualités humaines, Bob est assez violent, et  sa femme n'a d'autre choix que d'accepter de tout quitter et de partir en Floride avec leurs deux fillettes.

Au paradis des moustiques et des escrocs, il ne devient pas, comme il le croyait, un self-made--man, un homme d'affaire aisé. A l'imitation de ses acolytes, il doit se lancer dans des opérations de petite et moyenne délinquance, dont il se sort mal, n'ayant pas l'âme d'une canaille, et aucune aptitude pour la malversation.


Pendant ce temps, en Haïti, l'autre héroïne, Vanise, une jeune femme pauvre, vit dans une hutte, à la merci du chef du village qui lui a fait un enfant et la délaisse déjà.

Un jour, elle  doit s'enfuir avec son neveu, son bébé, et un peu d'argent qu'elle cachait sous un matelas. En proie à la disette, ils ont volé un jambon, et sont menacés de mort.

Le bateau qu'ils ont pris doit les débarquer en Amérique, où elle a un frère,  mais on les lâche sur la minuscule île de Caicos, très loin de la Floride. Vanise n'a plus de ressources, doit travailler dur et vendre son corps, juste pour survivre avec les enfants, en espérant qu'un autre bateau l'emmène un peu plus loin...


Contées en alternance, ces deux histoires vont faire se rejoindre Bob Dubois et Vanise, au terme d'un éprouvant périple d'un peu plus d'un an...

 

Le roman est très touffu, riche, réaliste et poétique en même temps. La description de cérémonies Vaudou, les mises en perspectives du narrateur à  grands renfort de considérations cosmiques ne me convainquent qu'à moitié. En revanche, les deux histoires sont d'une grande intensité, et témoignent d'une lucidité implacable.

Le roman est pourvu d'une invocation en guise de prologue, et d'un envoi au terme du récit, comme dans les ballades. Ces deux textes sont très beaux.

Les deux personnages, victimes de l'exploitation de l'homme par l'homme, y sont magnifiés.


La dernière phrase du livre «  va mon livre, va détruire le monde tel qu'il est »  beaucoup d'illusions sont en effet détruites par ce roman.

 

Titre original «  Continental Drift », 1985.


Ce roman de Banks malgré ses longueurs m'a plu davantage que " De beaux lendemains".

Ma préférence va , sans conteste au recueil de nouvelles " l'Ange sur le toit".

 

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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 11:21


Robert Laffont (Pavillons ; poche) 2005, 10 euros 50

 

Titre original : «  Revolutionary Road » première parution en 1961.

 

 Le roman est fidèle au film de Sam Mendes. Bien plus que je ne m'y attendais ! La plupart des scènes ont été conservées, et sont présentées dans le même ordre que celles du récit, bien des phrases de dialogue se retrouvent aussi.

 

Cependant, nous découvrons en détail le passé du couple Frank/ April : ce troisième enfant qui les empêche de partir en Europe réaliser leur rêve de changement de vie, n'est qu'un remake : lorsque dix ans plus tôt ils vivaient dans le « Village », d'une façon bohème, ils espéraient déjà partir : April s'est trouvée enceinte pour la première fois et a hésité à se faire avorter...

Enfants, ils n'étaient pas désirés par leurs parents. Et pour ce qui est d'April, elle fut confiée à une de ses tantes et ne voyait jamais ses parents.

 

Installés dans leur vie de famille qui leur paraît étriquée, ennuyeuse, ils se querellent sans trêve. Le ratage de la pièce de théâtre inaugure une longue période de froid glaciaire. April ne veut pas se réconcilier.

 

 

Lorsqu'un soir April le reçoit bien de nouveau, et lui reparle de partir en Europe, Frank  voit bien qu'elle se conduit à nouveau comme au théâtre«  Et ce qu'il y eut de drôle, c'est qu'en dépit de sa profonde stupéfaction, il ne put s'empêcher de remarquer que la voix d'April... possédait une faculté de jouer la comédie, de prendre un ton d'intensité qui sonnait un peu faux : bref, un air de parler moins à lui qu'à une abstraction romanesque ».

Il lui emboîte la pas, ils  se joueront la comédie tous les deux, mais il veut croire que c'est pour un résultat positif.

 

En outre, il trouve du plaisir à se regarder jouer un rôle, et jette de fréquents coups d'œil à la fameuse fenêtre panoramique qui lui renvoie son image.

Dès l'âge de dix ans, lorsque son père l'emmène visiter l'usine dans laquelle  il travaille, il se plaît à regarder son image reflétée dans une glace quelconque :

«  Mais les yeux de Frank préféraient aux machines sa propre image que réfléchissait la glace de vitrage. Il se trouvait miraculeusement plein d'une dignité nouvelle grâce à son costume neuf, à son manteau et à sa cravate qui ressemblaient à ceux de son père ; et il était tout content de regarder le couple qu'ils formaient, le père et le fils, au milieu de la foule des passants sur le trottoir ». Ce geste intervient pour le rassurer car, en fait, il a détesté à la fois l'usine, le patron qu'on lui a présenté, l'attitude complaisante, voire servile de son père à l'égard du supérieur.

 

La différence réside aussi dans les points de vue narratifs. Contée à la troisième personne, l'histoire est vue la plupart du temps par Frank. Ensuite, c'est Shep Campbell, le voisin amoureux d'April,  qui prend le relais, ce qui en fait un personnage un peu plus consistant que dans le film.

La narration est également confiée sur de courtes périodes à l'agente immobilière qui nous saoule, qui a rendu sourd son mari et dingue son fils...

 

Pendant presque tout le récit April est vue par des yeux extérieurs, et connue par ses répliques dans les dialogues. Ce n'est que dans le final tragique, où elle décide de mettre fin à ses jours, que l'on sait ce qu'elle pense vraiment... « la seule faute réelle, l'unique erreur, la seule déloyauté qu'elle pouvait se reprocher, c'était qu'elle l'avait toujours pris pour ce qu'il était, rien de plus. Oh, pour un ou deux mois, histoire de se distraire, ç'aurait pu être très bien de jouer ce jeu-là  avec un garçon ; mais pendant tant d'années ... »

Le propos d'April est sans appel. Elle s'est trompée depuis le début... 

 

C'est un excellent roman, qui vaut la peine d'être lu, même après avoir vu le film.

 

 Keisha et Cuné se sont penchées aussi à cette fenêtre...


 

 

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