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21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 12:16

Je viens d’un milieu où on lisait peu,  je ne goûte guère cette occupation, et n’ai pas le temps de m’y consacrer…car j’enseigne la littérature à l’université ce qui m’oblige à commenter des livres que la plupart de temps je n’ai pas ouvert…

c’est l’incipit du livre de Pierre Bayard "comment parler sans être lu" ; je veux dire "comment parler des livres  que l'on n'a pas lus"


  Un début  provocateur,  fait pour attirer la foudre  sur son auteur (pourtant il n’y a pas eu beaucoup de critiques enragées…)  qui   installe un narrateur « non lecteur » abordant le monde intellectuel handicapé et culpabilisé par son milieu d’origine et une scolarité qui ne relève pas de l’excellence, où il a été constamment suspecté de n’avoir pas réellement lu le livre à étudier.


Ce lecteur déficient,  devenu professeur d’université, dénonce l’hypocrisie qui règne dans son monde. A la place qu’il occupe, il peut maintenant dire  qu’il  n’a pas lu certains classiques incontournables, par exemple, « Ulysses » de Joyce. Personne ne le croira.

Ce prof n’ira pas jusqu’à dire je n’ai pas lu Proust ; mais je me suis mis à distance d’une lecture attentive (  par l’oubli, le défaut de mémoire) pour pouvoir en parler, se l'approprier, le réinventer, en faire pourquoi pas  la matière  d'un livre qui me serait propre.


Thèse de Pierre Bayard :

Nul ne peut prétendre à la lecture totale ou à la non lecture intégrale. Le lecteur se situe toujours dans un entre-deux.

 Etre cultivé  c'est pouvoir situer les livres jugés importants par le monde où l’on tente d’occuper une place, et conséquemment pouvoir  en discourir pour être reconnu dans ce monde. 

«  La culture est la faculté de situer chaque livre dans la bibliothèque collective et de se situer à l’intérieur de chaque livre (livres parcourus, évoqués, dont on a entendu parler…) ».

 

Pierre Bayard succombe encore à la tentation de remettre en question l’élucidation tenue pour certaine de l’énigme policière d’un  ouvrage célèbre. (Non ce n’est pas Œdipe… on nous a déjà fait le coup…)

D’un ouvrage qui  baigne dans les  livres, et  dont le raisonnement  qui résout le mystère, repose sur l’invention du contenu d’un livre que le détective n’a jamais lu, et dont l’existence n’est même pas sûre.

Cette démonstration de Bayard mène tout droit à ses idées les plus convaincantes :

-on lit rarement un livre : on l’interprète en le parcourant en le feuilletant (voire en en lisant la plus grande partie) ; on s'en  sert   pour  l’élaboration d’un livre intérieur qui est fait de fragments de nombreux livres que l’on s’est appropriés). 

- Ce qu’on croit savoir d’un livre ( plus ou moins lu) tient pour une bonne part  du fantasme : il existe des livres écrans comme Freud parlait de souvenirs-écrans. Inventés pour cacher une vérité dérangeante. Ils renvoient selon l’auteur à la bibliothèque collective, série de livres supposés « lus » c'est-à-dire dont chacun se fait une idée en les situant par rapport à l’ensemble.

Le livre réel  est toujours masqué par «  les commentaires infinis » ; nous nous  séparons des livres par ce que nous en disons et nous en protégeons par là même. Les discours sur les livres renvoient à un livre inatteignable. Le  livre dont  on parle  en société, ou même pour soi, est  un livre fantôme :

« objet insaisissable et mouvant que nous faisons surgir quand nous parlons d’un livre » appartenant à une bibliothèque virtuelle.

     

Se déprendre de l’idée que l’Autre sait, que l’Autre a lu.

Pierre Bayard a raison de déculpabiliser les personnes paralysées par une relative ignorance. Mais le contraire est tout autant problématique. Une fois que l’on a découvert que l’Autre ne veut pas savoir, c’est bien pire !

  Il est aussi des mondes où  il ne faut pas parler des livres qu’on a lus, feindre de ne pas les connaître  ou de ne pas  les aimer pour rester sociable et paraître  normal. Si le professeur d’université contraint par son milieu, revendique la non lecture, un petit fonctionnaire anonyme évoluant  dans un monde où avoir lu certains livres et en parler est mal vu, pourrait vouloir écrire comment parler des livres qu’on a lus sans les nommer ? 

 

Bah ! il est nul ce texte!

normal : j'ai lu le bouquin de la première ligne à la dernière !

 
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17 février 2007 6 17 /02 /février /2007 15:18

Harpie-enluminure-1350.JPGComment parler des livres qu’on n’a pas lus ? Je croyais savoir…

Je n’ai lu aucun livre l’an dernier et pourtant ce blog est rempli de chroniques de livres : elles constituent à peu près 50% du contenu. Alors ?

 Au hasard, le premier titre qui me vient à l’esprit 
je n’ai pas lu les Bienveillantes , prix Goncourt 2007; je vais tenter d’en parler :

Le titre : c’est le nom habituel des bonnes déesses de l’antiquité les Euménides ; mais comme ce livre raconte l’histoire du mal absolu je crois qu’il s’agit plutôt des Erynnies , déesses de la vengeance et que ce titre est ironique.

C’est l’histoire d’un allemand très cultivé intelligent et membre du parti nazi dès les premières heures ; il aide activement au génocide mais sans croire que les juifs sont d’une race inférieure ni qu’ils sont une menace pour le monde. Il ne ressent pas non plus de culpabilité particulière.  Le narrateur  décrit cette guerre avec un grand luxe de détails et les qualités du roman sont avant tout historiques. L’auteur Jonathan Little   nous écrit un very big novel de 900 pages ; c’est le fils d’un auteur américain de polars, Robert, que je n’ai pas lu. JL a un peu plus de trente ans, il écrit en français, et se paie un agent littéraire ce qui n’est pas courant en France.

Et alors ?

Les écrivains cités dans Télérama (mais peut-être pas dans le livre de Bayard ?) dont Bégaudeau,   s’exercent à parler de livres qu’ils n’ont pas lu, sans feindre de les avoir lus mais en assumant justement leur non lecture.  Et non pas  faire semblant d’avoir lu un livre ce qui est une autre démarche.

Donc à propos des Bienveillantes,il faut que j’ajoute :
 

 Ma non lecture des Bienveillantes me fait penser que je n’ai pas lu Robert Antelme, ni Raoul Hilberg ( la Destruction des juifs d’Europe)

mais « Si c’est un homme » et «  Rescapés et naufragés » ( primo Lévy )  j'en ai pris connaissance et  c’est loin.

Je  devrais lire ou relire ces livres–là plutôt que les Bienveillantes.

Qu’ai-je besoin de savoir les pensées d’un nazi ?

Plutôt apprendre comment  se préserver de telles pensées ou encore lire le livre de Victor Klemperer sur la novlangue nazie, ce serait plus utile.

Bof ! rien de neuf! Je n’ai pas grand-chose à dire. Je ne vais pas briller en société!

Bref il me manque quelque chose…
 

Quant à parler des livres qu’on a réellement lus c’est une démarche  redoutable dans laquelle je n’ose me fourvoyer.

Thomas Bernhard disait (in «  Maîtres anciens »? que, fort heureusement, je n’ai pas réussi à lire…) qu’il n’avait jamais lu un seul livre, qu’il était un «  feuilleteur ». Ceux qui lisent intégralement un livre n’ont aucune chance de savoir ce qui s’y trouve. Je passe sur les insultes que ce râleur invétéré réservait aux malheureux qui  s’appliquent à la lecture linéaire… au fond Pierre Bayard reprend cette problématique… avec un langage tout autre.       

 

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9 janvier 2007 2 09 /01 /janvier /2007 11:33

2246686113-01--SCLZZZZZZZ-V22204229-AA240-.jpg Le livre de Virginie Despentes mêle les tranches de vie autobiographiques et les réflexions sur la condition actuelle des femmes. Le livre est classé en essai et a beaucoup de points communs avec le « Deuxième sexe » de simone de beauvoir qui est citée en exergue du dernier chapitre « Enfin l’homme représente aujourd’hui le positif et le neutre c'est-à-dire le mâle et l’être humain, tandis que la femme est sexuellement le négatif la femelle ». C’est une digne petite fille de ce Deuxième sexe, un rejeton du début du vingt et unième siècle.

 

Mais plusieurs des citations dans le corps du texte ne sont pas référencées comme sortant d’un livre précis et certains des auteurs cités ne figurent pas dans la bibliographie en fin de volume.

 

« Théorie « est à prendre dans son sens premier de « spectacle » d’ailleurs le titre se réfère à un film célèbre que Virginie interprète à sa façon. Son « Kingkong » vivait sur une île avec une femme la protége et joue avec elle ; c’était un être non sexué et cette vie est présentée comme un paradis perdu. La Chute, c’est lorsque la femme se laisse convaincre de suivre un homme et abandonne son bon sauvage de gorille. Chacun a sa vision du paradis perdu mais il est manifeste qu’en ces temps mythiques les êtres ne sont pas sexuellement différenciés et qu’ils entretiennent une relation fusionnelle.

 
Nous ne vivons pas dans ce monde-là et n’y aurons jamais accès. Rien ne dit que nous le supporterions mieux que l’autre…
 
 
 

Actuellement, on accuse les femmes de n’avoir pas su profiter des libertés octroyées ou prises dans les années 70. Un retour de bâton a frayé le passage au retour de la virilité comme valeur avec ses conséquences fâcheuses. Virginie Despentes analyse le phénomène.

 

On essaie de relancer la natalité en glorifiant la maternité, sans se soucier que dans les conditions économiques actuelles elle est une épreuve plutôt qu’un épanouissement pour les femmes des classes moyennes et défavorisées (auxquelles V D s’adresse).

 

La partie autobiographique concerne le viol subi par l’auteur et son amie à l’âge de 17ans au cours d’un voyage en stop. Cette partie est éprouvante et vise juste : « ils font semblant de ne pas savoir exactement ce qui se passe ; parce qu’on est en minijupe une cheveux verts l’autre orange, forcément on baise comme des lapins, donc le viol en train de se commettre n’en est pas un… aucun de ces trois types ne s’identifie comme violeur ».

 

Dans notre société les hommes violent davantage depuis qu’ils ne sont plus à la guerre. A la guerre, les viols collectifs font partie de la conquête et sont justifiés. En temps de paix les hommes devraient être davantage culpabilisés ou freinés n’étant plus soutenus par une organisation criminelle et légale. Mais il n’en est rien !

 

Qui plus est la femme qui se fait violer,non seulement est accusée de l’avoir cherché, mais doit « éprouver un traumatisme » fuir les hommes, se sentir dégoûtée du sexe ( « série de marques visibles à respecter ») . Virginie a choisi d’assumer le viol comme « un risque à prendre » de ce qu’il faut s’attendre à endurer si l’on est femme et qu’on veut s’aventurer à l’extérieur.

 

V D a vécu le masochisme féminin inscrit au cœur du programme culturel réservé aux femmes « dans la morale chrétienne mieux vaut être prise de force que prise comme une chienne ».

 

Ce viol, et le désir d’y survivre, l’a menée à pratiquer la prostitution. « C’est le viol qui fabrique les meilleures putes. Une fois ouvertes par effraction, elles gardent parfois à fleur de peau une flétrissure que les hommes aiment quelque chose de désespérée de séduisant. Le viol est initiatique. Il est au cœur de notre sexualité. Rituel sacrificiel central ».

 

De son expérience de la prostitution, elle dit qu’elle ne l’a pas vécue mal ( elle travaillait de façon indépendante) et y a pris du plaisir de diverses façons, elle s’est dédommagée du viol par cette pratique, a eu l’impression d’exercer une certaine puissance une domination sur les hommes. Ils lui sont devenus sympathiques.

 

Lors du retour à la vie dite « normale » tout se complique ; sans le motif de l’argent, elle se demande toujours pourquoi elle le fait et si elle en a vraiment envie.

 

« Le mariage c’est de la prostitution légalisée, un marché ou la femme s’engage à effectuer un certain nombre de corvées assurant le confort de l’homme à des tarifs défiant toute concurrence notamment les tâches sexuelles ».

 

Simone de Beauvoir l’affirmait aussi dans le « Deuxième sexe »,elle montrait des interrogatoires d’hommes amenés à dire pourquoi ils se mariaient ; la plupart d’entre eux répondaient « c’est pour avoir le bordel à la maison tous les soirs ». Nous étions en 1948…

 
 
 

Virginie Despentes a toujours vécu dans la société du spectacle Elle se débrouille avec. Elle nous démontre que rien n’a changé concernant l’assujettissement des femmes.

 

Simone de Beauvoir disait « on ne naît pas femme on le devient » VD pourrait dire « on ne naît pas femme on doit jouer ce jeu plus ou moins bien » ; elle montre comment elle l’a joué plus mal que bien d’autres (c’est ce qu’elle espère).

 
 
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26 novembre 2006 7 26 /11 /novembre /2006 10:56

Fabienne Swiatly «  Gagner sa vie » La Fosse aux ours, 2006.


   En treize chapitres l'auteur nous raconte son parcours professionnel qu'elle  fait débuter par ce lui de son père, ouvrier électricien à Arméville (Moselle). Une vie laborieuse en usine, un homme à qui l'on  n'a pas fait de cadeau. Non plus qu'à sa fille.


Fabienne ne se plait pas au lycée de Metz. On l'a mise contre son gré en terminale G3, alors qu'elle  aspirait à une section littéraire.  En 1978, avant le bac, elle fugue avec son amie Corinne pour une existence d'abord nomade vivotant de petits boulots.  Elle  remplit  des barquettes de dattes à Marseille, sert dans restaurant à Etretat, comptable d'un jour dans un lycée professionnel à Barentin ( seine maritime) trie des négatifs et encaisse des chèques dans un labo photo à Paris. D'un écriture sobre et précise, elle dit la frustration de ces tâches répétitives, la mesquinerie de la patronne du restaurant qui lui vole son pourboire sous ses yeux, l'indifférence de la secrétaire en chef du lycée pro qui  lui confie une machine sans lui expliquer correctement la manipulation, toutes sortes   d'exploitations et parfois avilissements  dont elle est l'objet  par des supérieurs hiérarchiques, parfois aussi par des collègues  que leur situation précaire ne rend pas généreuses.


A partir de 1981, elle réussit à travailler pour le compte d'une de ces radios libres, au début non commerciales, autorisées par le nouveau ministère de la culture. Enfin un travail intéressant  quoique peu payé. Devenue attachée de presse dans une entreprise de communication en  architecture et urbanisme, puis rédactrice d'un journal d'entreprise, des responsabilités vraies lui incombent  basées sur un travail d'écriture. Après avoir œuvré pour l'association de défense des droits du détenu à Lyon, elle animera divers ateliers d'écriture, dans un hôpital public à Laval, au centre psychopédagogique de Lyon et finalement, forte de toutes ces expériences,  un atelier d'écriture  littéraire et professionnel à son compte.


 Outre son expérience  d'animatrice de  radio libre, elle exercera plus d'une fois des  emplois   qui sont souvent  occupés par des  bénévoles, pour un salaire plus que maigre ; mais elle  réussit à en vivre et parfois se le verra reprocher !

On ne répétera jamais assez  que la fonction d'animateur socioculturel n'est pas de la charité mais  du travail professionnel qui doit être correctement rémunéré.


En conclusion,  c'est un   documentaire lucide et émouvant  sur le monde du travail, qui va à l'essentiel   et  ne s'embarrasse ni de fioriture ni d'afféterie comme on peut le déplorer  dans certains textes  qui décrivent l'homme au travail, l'homme exploité, privé d'emploi, en utilisant un style, baroque et  recherché,  qui nuit  au rendu de l'expérience. Je pense en particulier à « Petites natures mortes au travail »d'Yves Pagès. On ne relève  pas non plus ce défaut  du  roman fleuve  populaire  dont les  intrigues   sentimentales finissent par lasser ( je pense à «  Les vivants et les morts » de G. Mordillat).   Et  l'expérience personnelle ici  ne tourne pas  à l'autobiographie un peu  désordonnée comme dans«  Mathieu disparaît » de Patrice Robin (POL, 2003) qui pose également le problème du jeune promis à un emploi peu gratifiant et qui veut choisir son métier et sa vie.

      

 Dans  «  Gagner sa vie »,  on trouvera  des phrases miraculeuses  comme celle-ci :

« Et je me dis que le partage de l'écriture est une singulière aventure, comme un voyage que l'on entreprend sans savoir où il nous mènera. Le plaisir du chemin qui se fait. Pas d'autre ambition que ce chemin parcouru ensemble. Le voyage n'est pas toujours une question de destination ».


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15 novembre 2006 3 15 /11 /novembre /2006 14:40

J'ai feuilleté à la Fnac le catalogue des eaux fortes et estampes de Rembrandt






il s'agit bien des œuvres présentées l'an dernier  au Petit Palais  ou encore à la BNF, ça s'intitule «  La lumière  de l'ombre »   et l'on trouve par exemple cette «  femme qui pisse «  dont je me souvenais dans la catégorie «  sujets libres ».

 

 

la femme qui pisse

 

 


On y trouve aussi ' L'Homme qui pisse » c'est  une catégorie de sujet libre appelé «  facéties », et Rembrandt renouvelle le genre par  le réalisme provocateur dans les  poses des personnages. Au dix-neuvième siècle encore  on qualifiait cette estampe d' »horreur artistique »!

D'autres  estampes sont très belles dans le même esprit tel que «  le lit à la française » le couple qui  fait l'amour est vêtu dans une lit profond comme un tombeau  (on l'appelle « lit en tombeaux ») avec une abondance de literie et coussins moelleux on distingue le visage de la femme qui est satisfaite.

" Nous aurons des lits profonds comme des tombeaux..." dira plus tard Baudelaire.

 

lelit à la française

 



Un paysage :

 

 













Une autre estampe «  L'Espiègle » montre un berger et une jeune fille au bord de l'eau ; le berger joue d'une longue flûte en direction de la femme et la regarde par en dessous ; le hibou  sur son épaule symbolise la folie et la luxure dit-on. Au loin des moutons se mêlent entre eux au lieu de brouter.

Rembrandt l'espiègle

Toutes les gravures érotiques sont intéressantes, j'ai jeté un coup d'œil aussi sur  les sujets religieux aussi.

 

On voit un Saint-Jérôme écrivant sous un saule. Absorbé dans la lecture des Ecritures sa tête de mort et son crucifix en face de lui. Bien sûr le saule est l'élément important avec  son vieux tronc noueux et noir, la tête de son  lion émerge à droite de l'arbre : à vrai dire c'est davantage une lionne qu'un lion à voir le museau.

 

d2dsaint-jerome-ecrivant-sous-saule-rembrandt-harmensz-van

 

 

 

 














St Jérôme                       Adam et Eve


 

Lorsque Baudelaire écrit " Rembrandt triste hôpital tout rempli de murmures/ et d'un grand crucifix décoré seulement... " je trouve qu'il exagère! les dessins et gravures témoignent d'une observation de moeurs, gestes et attitudes diverses, une comédie humaine pleine de vie, de bizarreries, de cruauté, avec aussi du grotesque, des costumes d'apparat,  de la joie et de la malice, et c'est vrai aussi pour les peintures.

Ce n'est pas parce qu'il a peint un philosophe en méditation, dessiné sa femme malade, et des cadavres  ( tous les grands peintre, à parti de la Renaissance, ont représenté des malades , des mourant et des cadavres!), qu'on doit le faire passer pour un peintre neurasthénique et d'une sobriété monastique!!

 

Ses nombreuses scènes bibliques ne sentent pas le religieux compassé, ni la piété outrancière! Voyez ce st Jérôme de quoi il a l'air? Il en fut de plus malheureux.

 

Quant aux couleurs, il a sa palette comme chacun, mais elle n'est pas particulièrement triste ou pâle! Dans le registre du clair-obscur simple et recueilli, c'est plutôt de La Tour qu'il faudrait parler.



 

 


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24 octobre 2006 2 24 /10 /octobre /2006 09:15

 


  A reculons comme  une écrevisse.

C’est une somme d’articles et considérations sur la société actuelle  ses événements et débats récents.  
Sur l’avortement, Origène aurait eu des idées. « Dieu a créé dès l’origine des âmes humaines ».
Dans la bible on estime «  que le Seigneur forma l’homme  avec la poussière du sol et lui inspira dans les narines un souffle de vie, et l’homme devint âme vivante ». Il crée les corps et ensuite leur insuffle une âme. Thomas d’Aquin corrige : les embryons ont une ême végétative comme les végétaux puis sensitive ( comme es animaux). Au stade du fœtus, Dieu insuffle à ce dernier l’âme intellective ( ou rationnelle) qui en fait un être humain. Après le jugement, les embryons ne ressuscitent pas faute d’âme rationnelle. Les catholiques ont donc tranché depuis longtemps ce que les fondamentalistes feignent d’oublier.

Eco parle longuement du terrorisme, des guerres contemporaines, du téléphone portable «  devenu objet transitionnel comme la couverture de Linus », du Da Vinci Code qui se clone à une vitesse inquiétante, de Dieu ( quand on n’y croit plus on croit à « tout » c’est pire que « rien ») , du film de Mel Gibson «  qui n’est pas un film sur la religion mais un « splatter ».

C'est intelligent, humoristique, documenté et assez gai.
   
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27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 17:21

« Sois stage et tais-toi : pour en finir avec l’exploitation des stagiaires » 

 

Collectif «  Génération précaire » La Découverte, mars 2006La préface est rédigée par un professeur d’économie, M. Chevalier, qui s’inquiètent pour l’avenir de ses étudiants diplômés avec, souvent un DESS. La plupart ne trouvent que des stages en entreprises sous-payés ou non rémunérés, qui ne leur apportent aucunement la formation désirée ni l’initiation au monde du travail. Chaque stagiaire qui a parlé avec lui «  vivait un drame individuel d’échec social et de rejet par la société ».  Aucun d’entre eux n’accédait à une insertion économique durable dans notre société ni à un apprentissage de la vie active.

 

Le collectif est né sur le net en septembre 2005 ; ils ont commencé à organiser des manifs, toujours masqués de blanc pour montrer qu’ils sont interchangeables, et signent avec des pseudos pour ne pas mettre en péril une situation déjà bien incertaine.
 

Les membres de « Génération précaire », se veulent non partisans, peu structurés, indépendants à l’égard des partis et des syndicats.

 

Deux sortes de stages sont offerts aux jeunes diplômés : le stage « photocopie », où ils ne font rien de précis et rendent les services les plus divers, comme bien sûr de servir le café, mais aussi de réparer la machine, de faire du nettoyage de surface, en plus des millions de photocopies…ces stages peuvent durer plusieurs mois et ne sont pas ou peu rémunérés.

 

Les candidats se font avoir, car ils signent pour des contrats en principe demandant des qualifications…

 

L’autre sorte, c’est le stage « emploi déguisé » ; il n’est guère plus rémunéré que l’autre : souvent 30% du SMIC. Parfois moins ou rien. C’est un vrai travail, à temps partiel, que fournissent plusieurs jeunes : on trouve plus économique d’employer plusieurs stagiaires peu ou pas payés, que l’on peut virer n’importe quand, plutôt qu’un seul employé.

 

 Les jeunes ne veulent plus de ce qui leur paraît un apprentissage de la soumission, les maintient au stade de dépendance, les empêche de trouver une logement, les force à rester chez leurs parents ou les place en situation de dépendance d’un conjoint, jusque tard dans leur vie, provoquant des conflits des situations d’échecs des dépressions. Le peu d’espérance qu’ils mettent dans les partis de gauche se voit au fait qu’ils ne veulent en aucun cas être inféodés à l’un ou l’autre.
 

Sur Arte, hier soir , la soirée thema était consacrée à l’emploi des jeunes et à leurs luttes pour être reconnus à leur juste valeur et rémunérés comme tels ; on a interviewé de jeunes allemands et français diplômés de l’enseignement supérieur et contraints d’accepter des stages et de multiplier ces emplois dégradants des journées de travail sans compter et ensuite quelque 200 à 400 euros par mois, ce qui ne leur permet pas de s’établir ; allemands ou français on a pu voir qu’ils sont dans le même sac et le livre ci-dessus montre bien la situation, avec plus de clarté que les interviews un peu disparates. 

 Là-dessus on a présenté les secousses sociales dues au CPE, interviewé des lycéens sympathiques et intelligents. 

Ils paraissent très remontés et prêts à se battre pour ne pas vivre ni mourir idiots ce qui me parait rassurant et même provoque un brin d’enthousiasme. 

Mais voilà que l’on déchante lorsqu’ on voit et entend les invités, par exemple Denis Jembar, son bouquin, et son mot d’ordre dénigreur et médisant «  Vos enfants vous haïront » qui moralise un maximum en répétant à l’envi comme un perroquet que les « baby-boomers » (une génération qui n’a cessé de faire parler d’elle, qui s’est mise en vedette, dénonce t’il, avec une pointe d’envie comme s’il ne faisait pas partie de cette classe d’âge !) qui a eu des avantages facilement etc. qui a élevé ses enfants en les déresponsabilisant, les laissant ignorer la « valeur travail ». Il me semble que les jeunes qu’on a interviewés ont largement démontré le contraire !
Qu’ils étaient exploités à mort pour pas un rond.
Denis Jeambar  fait partie de ces groupes de personnes qui discréditent leur propre génération  ses problèmes et ses valeurs allant même jusqu’à prétendre que mai 68 n’avait d’autre origine  que les rêvasseries d’un groupe d’étudiants énervés (10 millions de salariés en grève tout de même), que tout le monde était heureux en ce temps là et contestait sans raison, que les acquis sociaux et culturels sont une calamité… tout cela pour en revenir à ce discours que j’entendais dans mon jeune âge et qui se résumait par «  il leur faudrait une bonne guerre ! ». Moi, ça me tue !

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 juillet 2006 2 04 /07 /juillet /2006 18:04

Essai publié au Seuil en 2005.


« Chien » est pris dans son sens étymologique, relativement à l'école de  philosophie des Cyniques. Notre société pâtit, selon Eric Dupin, d'une culture du cynisme sous la forme de la dérision absolue. Dans un premier chapitre «  Du kunisme au cynisme » il  présente deux  positions : Peter Sloterdijk qui, dans sa «  critique de la raison cynique »  différenciait le cynique moderne et l'antique. Le premier «  original solitaire doublé d'un moraliste provocateur et obstiné » a donné un produit dégénéré : le cynique moderne conformiste, amoral et décomplexé. D'où le terme « kuniste » pour désigner les bons cyniques, «  expression d'une intelligentsia déclassée et plébéienne ». Michel Onfray, lui aussi oppose cynisme ancien et moderne (in « Cynismes » Grasset, 1990). Au nom d'un hédonisme  revendiqué, il veut s'appuyer sur le « kunisme » pour lutter contre le « cynisme vulgaire » des temps présents.


Eric Dupin n'est pas sûr que Diogène soit l'expression d'un cynisme noble par rapport à celui qui sévit aujourd'hui. Pour y voir de plus près, il fait un historique du cynisme antique, de ses célèbres figures, de son influence.


Il campe la figure d'Antisthène, disciple antagoniste de Socrate, père du cynisme antique, qui officiait dans le gymnase des Cynosargues «  chien agile » ou «  A l'enseigne du vrai chien », pour aborder celle de Diogène de Sinope, son meilleur élève. « Look savamment négligé, articulé autour des quatre B : Barbe, Bure, bâton et besace » citant Léon Paquet «  Les Cyniques grecs » LP, 1992(qui est l'ouvrage de référence le meilleur en poche sur le sujet).

Il rappelle qu'Alexandre le Grand vint voir Diogène et lui dit « Demande -moi ce que tu veux » à quoi le philosophe répondit « Enlève-toi un tout petit peu de mon soleil »

Antisthène était adepte de la masturbation pour éteindre le désir sexuel, car le kunisme signifiait rejet radical de toute civilisation. Socrate moquait Antisthène qui se promenait avec un manteau usé l'accusant de ce qu'on appellerait à présent snobisme (« Ne va tu pas cesser de faire le beau devant moi ? »).

En -327, Diogène meurt. Sa doctrine est à la mode sous l'Empire romain qui le tient pour «  le philosophe populaire par excellence celui des modestes de la cité »


A la Renaissance, Montaigne salue la sagesse des Cyniques, au siècle des Lumières, Rousseau admire leur naturalisme radical et Diderot s'inspire de Diogène pour le « Neveu de Rameau ». Les Cyniques intéressent le monachisme, les ordres mendiants du Moyen-Age, les réformateurs au 16eme siècle, certains révolutionnaires au 18eme et 19eme siècle. On est un peu surpris qu'ils aient été pris au sérieux par tant de bons esprits ; on les croyait à vrai dire davantage provocateurs que philosophes.

Pour ce qui est de la doctrine, elle repose sur l'individu contre la société : « Etre à soi-même sa propre norme, ne pas chercher ailleurs, dans une quelconque transcendance le principe qui fonde l'agir ».

Le Cynique prône l'abstention à l'égard de l'engagement politique familial ou social. Il s'efforce de faire le contraire de ce qui est dans les usages, pratiquant la dérision comme arme de destruction de toutes les valeurs. Choix de l'anthropophagie, inceste, communauté des femmes et des enfants, liberté sexuelle totale... cela est en contradiction avec les conseils d'Antisthène de se masturber pour supprimer le désir.

Les Cyniques de l'Antiquité ressemblent étonnamment à ceux qui sévissent dans la société actuelle. On y observe un effritements des identités collectives, un hyperindividualisme guidé par le calcule immédiat. C'est dans la figure du soixante-huitard que Eric Dupin reconnaît les pires cyniques «  cette génération passée du col Mao au Rotary ».

Le reste du livre épingle tous les  cyniques et leurs honteuses pratiques qui ont choqué Eric Dupin chez ses contemporains, dans les domaines de la politique, de l'art de la littérature etc.

Il commence par Serge July (Eric Dupin était journaliste à Libé) « qui symbolise cette révolution détournée en involution. L'Agitateur de la Gauche prolétarienne, auteur avec Geismar de « Vers la guerre civile » n'est pas un honorable patron de presse d'un titre contrôlé par Edouard de Rotschild. Sa vérité est celle du moment présent ». L'inventaire des fâcheux se poursuit avec Mitterrand « qui embrasse la gauche pour mieux l'étouffer, prétend lutter contre le capitalisme et ne pas y croire ». Suit Tapie, un affairiste au pouvoir que Mitterrand utilise pour boycotter Rocard, et le nouveau modèle représenté par Sarkozy, « insatiable appétit du pouvoir qui s'affiche comme tel », maintenant on ne cherche plus une excuse politique à vouloir occuper la première place.

 Rappel du « Grand Inquisiteur » des Frères Karamazov, (cet homme arrête Jésus qui vient de ressusciter une fillette à Séville : «  pourquoi es-tu venu nous déranger ? je te ferais brûler comme hérétique ». Il est  un modèle de ce cynisme qui plaît aux sociétés modernes.

. Dans le domaine de la culture (chapitre « Chacune se la joue ») Dupin  a été offusqué par la façon dont Arnaud Desplechin a utilisé la vie de son ex-amie, comme elle l'a révélé, pour son film «  Rois et reine ». On pourrait arguer que l'artiste, contrairement à Dieu qui crée la chose et les moyens de la chose (« Dieu n'est pas un artiste » disait Sartre), a toujours besoin d'un matériau préliminaire, d'un palimpseste, et il se voit souvent obligé de le chercher dans sa propre existence et celle de ses proches : c'est ce qu'il connaît le mieux comme contenu. Ce n'est pas du cynisme, c'est du bon sens.

Lancé contre le « nihilisme artistique », Dupin attaque l'art contemporain. Mon ancienne prof d'esthétique Anne Cauquelin le rattache à la doctrine stoïcienne,( une certaine idée du vide, un dépouillement, la négation de la permanence...) pour Eric Dupin ce sont les Cyniques qui l'inspire.

«  Wharol réintroduit le néant au cœur de l'image. Fait de la nullité et de l'insignifiance un événement qu'il transforme en une stratégie fatale de l'image. » Jean Baudrillard «  Le Complot de l'image ». Pour Jean Clair «  Abandon de la fonction symbolique et repliement subjectiviste de ses auteurs ». Tous pourraient avoir raison ; on dirait que c'est affaire d'interprétation ...subjectiviste.

Tout de même Dupin n'a sans doute pas tort de dénoncer les pratiques de Gunther Von Hagens, médecin anatomiste qui  a inventé un processus de conservation des cadavres la plastination et exhibe des corps plastifiés découpés, coloriés, agencés, au cours d'expositions, des corps de condamnés à mort chinois qu'il achète à bas prix à l'administration.

Les cas de cynisme qui font l'objet du livre sont extrêmement nombreux ; pêle-mêle, le juge Burgaud, la fièvre élitiste des meilleurs lycées, Roland Dumas ses bottes et ses comptes en banques, Catherine M. auto propagandiste, Baudrillard pour qui tout est virtuel, « obsession du Mal radical qui se réduit à une idée du Bien... », Josyane Savigneau, le tsunami qui fait tant parler parce que des riches en sont morts à côté des pauvres... fin du livre. Que propose Eric Dupin ?

Encore une fois « définir un nouvel humanisme » ! 



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24 juin 2006 6 24 /06 /juin /2006 16:29

  de Pierre Emmanuel Dauzat  Bayard, avril 2006. 

 

Ecrivain et traducteur, PE Dauzat  veut revisiter la plupart des représentations de Judas à travers les siècles, en Europe. Il y a deux ou trois ans, JL Nancy publiait chez Bayard « Noli me tangere » qui m’avait intéressée, mais voilà qu’à présent c’est Judas la vedette 2006. Irremplaçable Judas, pierre de touche de tout l’Evangile ! 

Jusqu’ici, selon l’auteur, on  estimait de façon un peu simpliste que Judas avait trahi à cause de ses espérances bafouées. D’abord animé de la conviction que les apôtres se battaient pour la libération de leur peuple,  il avait découvert que Jésus croyait œuvrer pour un royaume « qui n’est pas de ce monde ». Autrement dit, Judas avait pigé que son maître  était fou et voulait les entraîner dans un délire sans rapport avec le combat politique. 

On méconnaît Judas selon Dauzat, et l’on en fait aussi parfois un lâche profiteur ou un avare ; quelle est la valeur actuelle des trente deniers ? Peu de chose estime-t-on !

L’auteur a découvert dans un manuel d’algèbre de 2001 pour les 1ère S ce problème : «  Sachant que Judas avait placé les trente deniers au Crédit Agricole du coin à 2% avec intérêts composés, qu’un denier vaut 0,53 g. d’or, déterminez la masse d’or (en millions de tonnes) dont auraient disposé ses héritiers au 1er janvier 2000, supposé que Jésus a trahi en 33 ».  

 Cela vous amuse ? L’auteur, lui est choqué : il voudrait sortir Judas du ghetto.  

Entre toutes les interprétations du personnage et de ses faits et pensées supposées, on peut retenir celle de Jorge Luis Borges, dans « Trois versions de Judas » in « Fictions » repris dans les Œuvres complètes. Pour Borges qui confie l’enquête « Judas » à un philosophe Niels Runeberg membre de l’Union Evangélique, Judas et Jésus sont l’expression d’une même âme. Judas est Jésus. A quoi bon la trahison d’un apôtre quand tous savait où trouver le maître ? 

Ce n’est donc pas une trahison mais un geste symbolique. « Le verbe s’abaisse à être mortel, Judas peut s’abaisser à être délateur ». Les formes de la terre correspondent à celles du ciel.  

La mort de Judas fait écho à celle du Christ, économie du rachat.  

 Judas choisit des fautes inexcusables : davantage que Jésus, il prend sur lui les péchés du monde, complétant l’action du Dieu qui se fait homme.  

L’auteur cite aussi (c’est une surprise chez un homme manifestement de droite et qui commente Drieu La Rochelle à l’envi) Sylvia Plath qui, dans son livre autobiographique «  The Bell Jar », recrée la cène avec douze femmes, et produit une interprétation humoristique. Donc, les fameuses douze femmes de la cène, publicité qui fit scandale l’an dernier, l’idée était loin d’être neuve. 

On peut également retenir le chapitre sur Nietzsche consacré au commentaire de «  les dieux sont une injure à Dieu, Dieu sera un jour une injure au Divin ».

 

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17 juin 2006 6 17 /06 /juin /2006 20:16

414KVK33A5L.-AA240-.jpgLa haine de la démocratie  ( Jacques Rancière) La Fabrique.

 

 

 

« La politique c’est l’art d’empêcher les citoyens de se mêler de ce qui les regarde » disait Valéry.

 

Jacques Rancière  démontre ici qu’au contraire la politique commence lorsque les citoyens se préoccupent d’eux-mêmes, de ce qui les concerne, et le font savoir. C’est ce qu’il appelle « le supplément  démocratique »

Qu’en est-il de la démocratie ?

Actuellement  ce mot est surtout employé  dans un sens négatif : c’est uu laisser-aller général  qui favorise l’individualisme  chez le citoyen  ainsi que son penchant « grégaire ». D’où cet oxymore fort répandu «  l’individualisme de masse ».

La démocratie est dénoncée comme corruptrice, la participation du plus grand nombre à la vie publique est déclarée gênante, le libéralisme ( façon habituelle de désigner le capitalisme) est très tendance surtout parmi

  les ex-gauchistes.

 

On dénonce aussi les« penchants criminels » de la démocratie( Jacques Rancière  analyse le livre de Milner).

 Mais ce mot est employé aussi dans un sens favorable : les Etats-Unis ont  donné « la démocratie » à l’Irak par la force des armes.

 

Que devient le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?


Démocratie :

Victorieuse ou criminelle ?

On ne s’y retrouve plus. Sauf que «  démocratie » a toujours fait l’objet d’usages paradoxaux.

 

Dans les années 60  le discours officiel disait : nous sommes en « démocratie » c'est-à-dire que nous sommes opposés au totalitarisme. 

Les révolutionnaires eux, déploraient que nous ne soyons pas en démocratie, ils  pensaient qu’elle serait instaurée par la « dictature du prolétariat ».

 

La démocratie était déjà décriée par Platon  qui en fait le pire des gouvernements ( La République VIII,IX) ; ne dégénérescence de l’oligarchie qui mènerait à la tyrannie. Les citoyens sont la proie de désirs « non nécessaires » (ou besoins institutionnalisés)  provoqués par l’accroissement des richesses auquel ils ont accès relativement peu ou prou.  La démocratie est désordre et perte des repères,  pour cause de mélange (l’or, symbole de l’élite se mêle à l’argent, symbole militaire,  qui se mêle au bronze, symbole de l’artisanat). Il n’y a plus que des êtres hybrides. C’est le désordre. La démocratie crée le trouble : s'y font entendre «  ceux qui n’ont aucun titre à gouverner »


Pour Platon, partisan du régime aristocratique, les élites doivent  gouverner ( les plus riches, les « bien nés », les plus savants )   un peuple qui doit pouvoir satisfaire ses besoins mais ne saurait en aucun cas avoir des désirs.


Il faut reconnaître qu'actuellement les gouvernants sont fort à l'aise mais pas les plus riches, certainement pas les plus savants(!!) le second terme " bien nés"je ne sais trop ce qu'il pourrait signifier.A priori, la démocratie serait plus que jamais acquise...

 

Et pourtant, la haine actuelle pour ce système est plus forte que jamais «  le gouvernement démocratique se laisse corrompre par la société démocratique qui veut que tous soient égaux et toutes les différences respectées ».

 

C’est vrai que l’effet de la démocratie est la participation aux affaires publiques  et qu’elle tend à une forme de vie qui se tourne vers les satisfactions individuelles.  

 

Cela gêne le discours de l’équipe gouvernementale au pouvoir, mais aussi  l’opposition  ainsi que l’intelligentsia de droite comme de gauche.

D'un point de vue philosophique, la démocratie

 

 

 

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