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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 17:01

La Mère de Pearl Buck

Lu vers douze ans ; l'un de mes premiers livres " adultes".

Dans la Chine du milieu du vingtième siècle( pas de date mais on devine) une famille de paysans qui cultivent le riz et élèvent des poules.

La mère ( toujours désignée sous ce nom) est contente de son sort : concevoir, être enceinte , enfanter, sarcler dans les champs, s'occuper de nourrir enfants mari et vieille belle-mère, vivre au rythme des saisons. Le mari,au contraire, dépressif , part pour la ville et ne revient pas. La mère continue, le temps passe, elle a un amant, et la grossesse à faire passer comme sanction. Puis sa fille devient aveugle, son fils aîné se marie, une belle fille vient vivre avec eux, le plus jeune fils se fait décapiter : il militait activement en tant que communiste...

La façon dont vivent ces paysans est terrible : tout le monde partage le même lit, il n'est jamais question de faire d'ablutions, on ne change guère de vêtements, le soir on enlève ceux de dessus, et on les remet le matin. Ils ne mangent que du riz, quelquefois avec un peu de chou et un œuf dessus...

Il n'y a pas de nom dans ce livre ; on désigne la mère, le père le fils aîné, la fillette, la cousine, le fils cadet...

Après cette première lecture, j'ai lu au moins une dizaine d'autres Pearl Buck, en moins d'un an, avec des noms et des lieux plus déterminés.

Vitia Hessel Le Temps des parents

Mercure de France, 1969; Un roman que j’ai adoré à l’âge de seize ans. Ouh là là ! Ce que ça vieillit (le livre, surtout).

J'avais adoré ce roman. Je m'étais identifiée à cette adolescente de mon âge ( Nana ou Nathalie) , née juste après la guerre ,ses problèmes, son amie qui lui fait faux bond ( Renée) les garçons auxquels elle commence à s'intéresser. Son vécu au début des années 60 me convenait mieux que l'après 68, période où il fallait avoir obligatoirement un ou plusieurs copains et commencer à coucher, ou alors faire partie des petites filles modèles.

J'enviais aussi ces enfants nés dans un milieu intellectuel, le Lycée Fénelon, les études classiques, un avenir préservé du pire, entouré de gens, sinon vraiment cultivés, en tout cas instruits... Lorsqu'un enfant ( le garçon nommé JP) avait des symptômes de névrose gênants, on l'emmenait voir un psychanalyste. Cette personne l'écoutait et ne le menaçait pas de le faire interner. Même si la "fameuse Dame" n'était pas un génie et ne résolvait pas tous les problèmes, JP finissait par se sentir mieux. Les parents ne maltraitaient pas leurs enfants. Ils faisaient des erreurs, mais tâchaient de les rattraper. J'enviais même la grande fille "Dominique", dont le père avait disparu sans laisser de traces.

J'ai longtemps vécu avec ces personnages.Si malheureux, bien que reconnaissant par moments leur relatif bonheur.

Je revivais les scènes avec eux. Je rêvais de vivre dans un tel milieu.J'ai même utilisé les trois jeunes et le petit garçon (Jojo) dont il est question dans le récit, pour en faire des personnages d'un feuilleton personnel.

Vitia Hessel a été l'épouse de Stéphane Hessel, qui a fait fait parler de lui pendant quelques temps, pour ses prises de position politiques, pas neuves, mais pleines de bon sens. Elle est décédée bien avant lui.

D'où l'idée de relire ce roman, sûrement autobiographique. Je n'ai pu vraiment mettre à bien cette tâche; il a pris de l'âge, et moi aussi. Les personnages sont trop présents à mon esprit, trop ancrés dans une époque révolue, pour que je puisse le reprendre avec un œil neuf.

N'empêche je me demande si Stéphane Hessel est bien le "mari " ennuyé mais correct, décrit dans le roman,et qui peut bien être son ami Simon, alter-égo, l'époux de Diane , le disparu, jetant le trouble dans la famille.

l'homme décrit dans le Temps des parents,pratique le même métier qu'Hessel, au début des années 60, et sa position politique "mendésiste" est semblable. On y parle abondamment de la guerre d'Algérie, cela s'achève ou presque, sur Charonne. L'homme du roman ne fut pas,en tout cas, un rédacteur de la charte des droits de l'homme, bien qu'il y ait participé.

Mais franchement je n'arrive pas bien à le relire!

De ces livre que l'on a lu très jeunes et avec lesquels " on a vécu", demeure l'impression étrange qu'ils n'existent que dans cette époque révolue, quoique encore présente à l'esprit. Les lignes que l'on a devant les yeux ne parviennent pas à signifier quelque chose pour le contexte présent.

Je ressens la même chose pour Vendredi ou les limbes du Pacifique de Tournier. L'ayant lu jeune, et relu plusieurs fois avec passion, chaque fois que je veux le reprendre, je ne sais quoi en penser.

Le Lys de Brooklyn de Betty Smith ;***

Lu et relu entre 1965 et 1968 sur le vieil exemplaire sorti du grenier par ma grand-mère.

46 ans plus tard Belfond le réédite !

Je n’avais pas oublié grand-chose de cette histoire ( au début du vingtième siècle, dans un quartier pauvre de Brooklyn, l’histoire de Francie Nolan de 11 à 17 ans et des flash-back) évidemment, je n’éprouve pas la même chose qu’avant. Pour moi, à présent, C’est un roman populaire, de bonne facture, sans style particulier. Le récit d’apprentissage de l’héroïne reste intéressant en dépit de facilités sentimentales et d’un peu de misérabilisme. J’aime bien le passage où Francie entre en conflit avec son institutrice parce qu’elle a abandonné les rédactions pleines de jolis récits et de détails « bourgeois » pour écrire ses « histoires de papa ». En mémoire de son père, décédé tôt, chanteur de cabaret sous-employé, barman et alcoolique, elle commence à décrire son existence d’artiste frustré de père pauvre et aimant quoique malhabile et sans ressources ; elle en vient à décrire la vie des familles nécessiteuses comme la sienne : l’institutrice lui met de mauvaises notes : on ne doit pas parler de ces choses-là ! Et Francie résiste, et pour finir cesse de remettre ses rédactions et brûle les trucs complaisants qu’elle écrivait autrefois.

Relectures partielles
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