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22 avril 2006 6 22 /04 /avril /2006 13:52

2070417166-08--SCLZZZZZZZ-AA240-.jpgAprès « Monsieur de Sainte-Colombe » c’est le parcours esthétique et intime d’un peintre que Quignard nous retrace.

Meaume, le héros, graveur lorrain au 17eme siècle a été défiguré par l’eau-forte. Adolescent, son rival amoureux lui a lancé un flacon d’acide au visage. « Afin que privé de visage, il soit tout à son œuvre ».

 

 

Le visage lorsqu’il objet du regard de l’autre force celui qui le possède à se préoccuper de l’image qu’il va donner de lui et qu’il donne malgré lui. Il masque l’intériorité, et on le confond avec la personne. C’est le point de vue de l’auteur. 

Le héros a été défiguré à cause d’une femme qu’il cherchait à aimer en dépit de son refus. Il a vécu une relation authentique qu’il ne croit pas pouvoir revivre une seconde fois .Sa nouvelle compagne Marie fera les frais de ses doutes…et son mal d’amour trouve une expression dans son œuvre.

Meaume expérimente une nouvelle forme de gravure apparue en 1642, technique qui s’oppose à celle de la tradition consistant « à vernir une table rase et à faire mordre le cuivre par l’acide en le repoussant. La nouveauté ce sera de faire table rase du passé en hachurant la plaque et la noircissant intégralement. En appuyant sur la plaque, les blancs ressortent (inversement à la révélation en photographie qui fait surgir le noir du blanc). C’est la même opposition que l’on retrouve dans l’opposition sexuelle ». 

Contexte : la Rome antique (évoquée) et celle du 17eme siècle. Le monde romain ne croyait pas à grand-chose, il y régnait cruauté, lucidité, indécence, décadence. Au 17eme siècle : guerre civile, liens sociaux détruits, persécution des protestants.

On peut trouver la théorie de cette fiction dans "le Sexe et l'effroi".            

 On dit au graveur dont nous est conté ici l’apprentissage qu’il est « un peintre, et non un graveur voué au noir et blanc, c'est-à-dire à la concupiscence ». Pour Quignard, c’est le noir et blanc qui est érotique, pas la couleur. Les contrastes y sont plus forts. La couleur « habille » elle ne montre pas la nudité.

Meaume,fait son choix, il  se veut graveur « Je suis un homme que les images attaquent. Je fais des images qui sortent de la nuit. J’étais voué à un amour ancien dont la chair ne s’est pas évanouie dans la réalité mais dont la vision n’a plus été possible parce que l’usage ne a été accordée à un plus beau visage »
Écriture : condensée, allusive, formules laconiques, débordantes de pensées brillantes, désir de laisser place au silence et à la méditation. Je dirais aussi que le ton est un peu péremptoire.
Narration : histoire pleine d'opacités, de nostalgie contée en successions de petites scènes. Au fil de ses périples (Bruges, Ravello, Rome, les Pyrénées, la Normandie, Paris, Londres, Rome encore, Utrecht où il meurt), Meaume se concentre sur la déception amoureuse qu'il exprime dans son art.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

A
<br /> C'est une lecture en réseau et l'exploration de ce thème est passionnante.<br />
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